La France a officiellement présenté le 7 novembre son projet de candidature pour organiser les Jeux Olympiques d’hiver de 2030, révélant la carte des lieux choisis pour les épreuves. Mettant en lumière les « Alpes françaises », la candidature s’appuie sur l’élan dynamique des JO de Paris 2024 pour séduire le Comité International Olympique (CIO).

La France vise un enchainement inédit de Jeux Olympiques et Paralympiques d’été et d’hiver en six ans, et entame sa course pour une nouvelle épopée olympique, avec un évènement qui s’étendrait de Nice au Grand-Bornand. La candidature met l’accent sur l’économie et la durabilité, en s’appuyant principalement sur des installations existantes, à hauteur de 95 %.

Le projet vante une organisation durable et éco-responsable, avec 95% des sites déjà existants, s’inspirant de l’héritage des JO de Chamonix en 1924, Grenoble en 1968 et Albertville en 1992. Seule une nouvelle patinoire à Nice serait construite, avec un rejet de l’idée d’un anneau de vitesse permanent.

Portée par David Lappartient, président du Comité national olympique du sport français, et Marie-Amélie le Fur, présidente du Comité paralympique, la candidature de la France bénéficie du soutien des présidents des deux régions françaises, Laurent Wauquiez, Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Renaud Muselier, Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Détail des sites sélectionnés dans les Alpes pour les disciplines olympiques

La candidature française pour les Jeux Olympiques d’hiver de 2030 a sélectionné des sites emblématiques dans les Alpes pour accueillir les différentes disciplines olympiques. Voici le détail des lieux choisis pour chaque épreuve :

Carte des jeux olympiques

Au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le domaine de MéribelCourchevel, hôte des championnats du monde de ski alpin en 2022, est désigné pour les épreuves de ski alpin telles que la descente, le combiné et le slalom géant. Val d’Isère serait le théâtre des slaloms masculin et féminin.

Ces sites sont bien connus pour accueillir des épreuves de Coupe du monde de ski alpin et disposent de l’infrastructure nécessaire pour des événements d’envergure.

Le site historique des Jeux d’Albertville à Courchevel serait remis en service pour les sauts à ski, tandis que La Plagne, déjà équipée, accueillerait le bobsleigh et le skeleton.

Tremplin du Praz sur la station de Courchevel

Plus au nord, La Clusaz, réputée pour ses pistes de ski de fond, serait dédiée au ski de fond et Le Grand-Bornand, qui a déjà accueilli des étapes de la Coupe du monde de biathlon, est le site choisi pour le biathlon, combinant ski de fond et tir.

Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, quatre emplacements ont été sélectionnés : Nice, qui abriterait le village olympique, le centre de presse, ainsi que les compétitions de sports de glace tels que le hockey, le curling, le short-track et le patinage artistique, et qui sera aussi le site de la cérémonie de clôture.

Il est prévu de construire une nouvelle patinoire à Nice pour ces événements. Isola 2000 serait le site hôte pour les épreuves de ski-cross et de snowboardcross.

Serre-Chevalier est envisagé pour accueillir les disciplines spectaculaires du ski acrobatique et snowboard half-pipe. Montgenèvre, une autre destination réputée des Alpes françaises, est prévue pour le slopestyle, une épreuve de freestyle, ainsi que pour le snowboard alpin et le Big Air.

La française Perrine LAFFONT lors d’une épreuve de ski acrobatique

Nous avons interrogé David PONSON, Directeur de la BU de la Compagnie des Alpes, sur sa réaction suite à la sélection de ces sites dont 4 d’entre eux sont gérés par le groupe : La Plagne, Méribel, Val d’Isère et Serre-Chevalier.

“Concernant la candidature pour les Jeux Olympiques, notre soutien à l’égard de la proposition française est extrêmement positif. Avant tout, il est important de reconnaître que c’est une candidature nationale, bien qu’elle représente deux régions. Nous, la Compagnie des Alpes, sommes pleinement engagés dans ce projet et nous travaillons activement pour faire avancer cette candidature.

Notre activité se concentre davantage dans les Savoie et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes que dans le Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cependant, nous marquons notre présence également dans cette dernière avec la station de Serre Chevalier. Ainsi, nous appuyons fermement les candidatures de Renaud Muselier et Laurent Wauquiez.

Tout comme nous avons supporté les championnats du monde et d’autres événements d’envergure, nous apportons chaque année notre contribution au Critérium de la Première Neige à Val d’Isère. Ces engagements renforcent l’image, la notoriété et l’attractivité des domaines où nous intervenons. Nous sommes convaincus de l’importance de s’investir pleinement dans tous les types d’événements, particulièrement ceux d’ampleur mondiale.

Critérium de la Première Neige à Val d’Isère

La durabilité au cœur de la candidature

Ces choix de sites reflètent une volonté de capitaliser sur les infrastructures existantes et de réduire les coûts en évitant la construction de nouveaux équipements, sauf pour la patinoire à Nice. Ce choix stratégique vise également à respecter les principes de durabilité et d’héritage mis en avant par le CIO.

David PONSON revient sur ce point : « L’enjeu est significatif, notamment pour une candidature qui se veut durable, visant à valoriser les infrastructures existantes qui ont été construites, entretenues et modernisées. Prenons l’exemple de la piste de bobsleigh utilisée pour les jeux d’Albertville en 1992, dont le système de refroidissement a été entièrement rénové pour suivre l’évolution technologique. Il est logique, dans le cadre de cette candidature, de privilégier les installations existantes plutôt que de construire de nouvelles infrastructures”.

En matière de durabilité, nous avons immédiatement partagé toute la documentation et les informations pertinentes avec Laurent Wauquiez, Renaud Muselier et Vincent Gay, qui joue un rôle clé dans ce projet pour la région AURA. Nos engagements, ainsi que toutes les initiatives que nous soutenons, comme la neutralité carbone, sont en ligne avec cette orientation durable et contribueront certainement à la force de la candidature française des deux régions pour l’attribution des Jeux.

Dans le cadre de cette candidature, nous nous positionnons en tant que partenaire actif

Nous avons établi un dialogue et nous avons transmis nos données en toute transparence. Cela s’inscrit dans la continuité de nos pratiques ouvertes, où nous partageons librement nos informations.

Panneaux solaires sur la station de Méribel

Ce processus de partage concerne notamment notre engagement envers la durabilité de cette candidature, ainsi que nos propres actions. Notre engagement à atteindre une empreinte carbone 0 avant 2030 est un objectif quantifiable, reflétant la réduction de notre impact sur le CO2, l’eau, la biodiversité, entre autres. Nous adoptons une démarche de transparence totale. Nous leur avons fourni toutes les informations nécessaires pour affirmer notre soutien”.

Nous sommes engagés à leurs côtés et nous le resterons

JO 2030 : des enjeux bien au delà du ski

David PONSON revient sur le fondement même des Jeux Olympiques d’hiver, et leur ancrage dans des territoires naturellement liés à la neige : “Il existe des enjeux considérables qui touchent à des visions du monde et à la géopolitique, ou peut-être à la géostratégie, concernant la distribution des grands événements sportifs d’un continent à l’autre. Il semble y avoir une sorte d’ordre tacite qui détermine le moment opportun pour un continent d’accueillir un événement, comme les Jeux Olympiques d’été, qui sont moins dépendants des saisons ou de la géographie. Cependant, nous atteignons certaines limites, notamment quand on envisage l’organisation des Jeux d’hiver dans des pays comme l’Arabie Saoudite ou même la Chine, ce qui soulève des questions sur la pertinence de développer une activité sportive hivernale là où l’environnement naturel n’est pas adapté.

La-Plagne-ski-village
Station de ski La Plagne

Les Alpes, malgré les préoccupations liées au réchauffement climatique — qui est un problème global et non spécifique à une seule région —, semblent réunir tous les critères nécessaires pour l’organisation réussie des Jeux Olympiques d’hiver. Si nous devions envisager les derniers Jeux d’hiver, il y a de fortes chances qu’ils se tiennent dans l’Arc alpin ou dans d’autres régions montagneuses qui accueillent naturellement ces sports.

La France, ayant accueilli les Jeux en 1992, devrait logiquement se positionner pour accueillir à nouveau cet événement. Bien que d’autres destinations, telles que Sotchi, aient été choisies depuis, il est cohérent, dans une perspective de durabilité, de privilégier des lieux où les infrastructures nécessaires existent déjà. Les Alpes sont emblématiques pour le ski, bien que d’autres régions comme le Caucase ou d’autres continents puissent également offrir des opportunités pour ce sport”.

Les Alpes demeurent symboliquement le cœur du ski

Candidature JO 2023 : quelles sont les prochaines étapes ?

La France découvrira prochainement si elle poursuivra son ambition olympique après avoir accueilli les Jeux Olympiques d’été prévus à Paris dans neuf mois. Le 21 novembre, la délégation française présentera son dossier au CIO, avec l’objectif de positionner les JO d’hiver 2030 comme un événement durable et réformateur, dans l’esprit de Paris 2024.

Le verdict initial pour la France sera connu dans environ trois semaines, à l’issue de la réunion de la commission exécutive du CIO prévue à Paris du 28 novembre au 1er décembre, où il sera décidé quelles candidatures passeront à l’étape suivante des discussions.

Si la candidature n’est pas retenue, la France n’a pas de plan pour les JO de 2038, car 2034 est pressenti pour Salt Lake City aux États-Unis. La candidature française s’articule autour d’une vision d’avenir, portée par l’élan de Paris 2024.

Un legs olympique plus vertueux ?

Ces Jeux Olympiques d’hiver 2030 présentent des défis cruciaux qui s’étendent de l’environnement à la société et à l’économie. Il s’agira de minimiser l’impact écologique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, de concevoir des infrastructures avec une réutilisation post-olympique en vue, et de stimuler l’innovation en matière de technologies vertes. Parallèlement, cela impliquera de contribuer au développement économique local et d’apporter un bénéfice social durable aux communautés hôtes, tout en élevant la conscience globale sur la durabilité.

Bob Raft La Plagne © La Plagne

“Précédemment, j’ai évoqué les Jeux Olympiques de 1992, qui ont laissé en héritage d’importantes infrastructures, notamment routières.

Pour les potentiels Jeux de 2030, j’espère que l’héritage dépassera l’aspect matériel

Nous souhaitons projeter une image de professionnels de la montagne qui agissent de manière réfléchie et responsable, portés par de solides convictions et des actions concrètes. Notre objectif est de minimiser notre impact sur l’environnement, la biodiversité et les émissions de CO2.

Il est donc essentiel que nous travaillions non seulement sur les infrastructures de montagne pour le ski et les compétitions sportives, mais aussi sur le transport des clients, journalistes et compétiteurs. Cela implique de s’attaquer au Scope 3, qui concerne la mobilité, en encourageant davantage l’utilisation du train et d’autres modes de transport décarbonés. Notre intention est d’accélérer le changement vers une empreinte environnementale maîtrisée, tout en adoptant une approche respectueuse de l’environnement, comme ce fut le cas pour les Jeux de 1992”, conclut David PONSON.

 

Ces Jeux Olympiques pourront-ils servir de plateforme pour sensibiliser le public aux pratiques durables, tout en intégrant des mesures de résilience face au changement climatique ? En tout effet de cause, cet héritage olympique plus responsable devra chercher à créer un impact positif et durable pour la planète et pour les sociétés, assurant que l’esprit des Jeux résonne bien au-delà de leur tenue.