Alors que le monde des fournisseurs de montagne traverse des périodes cruciales de transformation et d’adaptation, le nouveau président de l’Association des Fournisseurs de Montagne (AFMONT), Max Rougeaux, partage avec nous sa vision pour l’association. Dans cet entretien exclusif, il dévoile les grandes lignes de la feuille de route qu’il envisage pour 2024, tout en explorant la place et le rôle de l’AFMONT la nécessité de revoir les fondamentaux de l’association et d’apporter une contribution significative à la réflexion sur la future vision de la montagne. Comment l’AFMONT peut-elle être plus représentative, apporter davantage de valeur à ses adhérents tout en influençant la filière dans son ensemble ? Plongez dans cet échange éclairant pour découvrir les réponses à ces questions.

En tant que nouveau président de l’AFMONT, quelle est votre vision actuelle de l’association ? Quels sont les axes de développement que vous envisagez ?

Max Rougeaux : Pour situer le contexte, j’ai été élu à mi-mandat, sur un mandat total de 3 ans. J’achèverai donc le mandat actuel et les élections pour renouveler le Conseil d’administration auront lieu fin 2024. Mon objectif pour le premier semestre 2024 est de réévaluer notre feuille de route et définir les missions et orientations de l’AFMONT. C’est le moment de revisiter notre identité, étant donné que l’AFMONT a été créée en 2008. Il est crucial de réfléchir à notre rôle, nos missions prioritaires, et comment nous pouvons apporter une plus-value à nos membres et à la filière montagne. Notre vocation ressemble à celle d’une chambre syndicale professionnelle sans en avoir le statut officiel.

Max Rougeaux lors de la cérémonie de Remise des prix du trophée Anticiper C’est Gagner 2022

Avec 90 membres, il est essentiel d’adopter une structure et une organisation solide. Les débuts de l’AFMONT visaient à représenter une voix unique des fournisseurs, notamment face à des organisateurs de salons comme Mountain Planet et Alpipro. Nos missions ont évolué, englobant des thèmes variés, comme une participation aux travaux de normalisation des sentiers VTT ou sur équipements de prévention des risques naturels il y a quelques années. Notre structure est légère, avec un bureau composé de bénévoles, tous chefs d’entreprise. Nous sommes capables de créer des groupes de travail pour traiter des sujets spécifiques, transversale pour l’ensemble de la filière.

Vous avez mentionné la genèse de l’AFMONT liée aux salons et des thématiques transversales. Quels sont les enjeux actuels de l’association ?

Max Rougeaux : L’un des principaux enjeux, commun à toute la filière montagne, est le recrutement. Les entreprises rencontrent de grandes difficultés pour attirer et retenir les talents. Peut-être y a-t-il un manque d’attrait pour le secteur montagnard, alors que travailler en montagne offre un cadre exceptionnel. L’employabilité est une priorité pour nous. Nous collaborons notamment avec Mountain Planet sur cette problématique. L’AFMONT était d’ailleurs présente au forum des métiers à Grenoble les 18 et 19 octobre.

Par ailleurs, une autre thématique concerne les critiques autour des loisirs en montagne dans le débat public. Il est vital de collaborer avec d’autres acteurs pour construire un discours commun face aux attaques que subit la montagne aménagée. L’écosystème montagnard doit être considéré dans son ensemble pour assurer sa pérennité. La diversification et le développement durable sont au cœur des préoccupations, mais il faut également reconnaître le rôle majeur que joue encore le ski dans l’économie montagnarde. Nous ne pouvons casser le modèle et du jour au lendemain décréter la diversification des activités touristiques en montagne. En tant que fournisseurs, nous jouons un rôle crucial en étant pourvoyeurs d’innovations pour les territoires de montagne, que ce soit en partenariat avec d’autres acteurs ou par nos propres initiatives. Nous sommes à un tournant, et il est temps d’aborder frontalement ces sujets d’évolution.

Alpipro, aux côtés de Cédric Vial, Sénateur, Joël Retailleau (ANMSM), et JP Rougeaux (Maire de Valloire)

Concernant les membres de l’AFMONT, qu’en est-il de leur nature ? Observez-vous des changements ?

Max Rougeaux : En effet, la composition actuelle des membres de l’AFMONTt est différente de celle des premiers jours. À l’origine, l’association était principalement axée sur les grands équipementiers, remontées mécaniques, damage, neige… Aujourd’hui, nous cherchons à être le plus représentatif possible. Nous avons des cabinets de conseil, divers fournisseurs de matériel et prestations intellectuelles, tous liés à la montagne aménagée, d’hiver et d’été. Il est crucial pour nous de refléter fidèlement toutes les compétences et offres disponibles pour nos clients.

Comment positionnez-vous l’AFMONT par rapport à d’autres institutions, notamment le Cluster Montagne ? Quelle est la distinction principale ?

Max Rougeaux : Plus tôt, je parlais de notre rôle semblable à celui d’un syndicat professionnel. Nous n’avons pas vocation à réaliser la promotion, au sens commercial, de nos entreprises ni à l’international ni sur le marché français. Notre mission est d’aborder des sujets de fonds, transversaux et d’essayer d’apporter des solutions, que ce soit pour l’ensemble nos membres ou pour des secteurs spécifiques. Nous défendons les intérêts collectifs des fournisseurs de la montagne Si je regarde le Cluster Montagne, ses missions sur plutôt axées, entre autres, sur la promotion, le développement, la mise en réseau et l’innovation. Ce n’est pas notre domaine de prédilection, même si nos actions peuvent bien entendu contribuer au développement de la filière. Je vois le rôle de ces deux organisations comme complémentaire. D’ailleurs, l’Afmont, qui je le rappelle est un des membres fondateurs du Cluster Montagne, souhaite renforcer la coopération, non seulement avec le Cluster, mais aussi avec les autres acteurs institutionnels de la filière, pour affronter les challenges qui nous attendent dans les mois et la années à venir. Je pense à Domaines Skiables de France, mais aussi à l’ANMSM, car les maires sont les premiers aménageurs des territoires de montagne.

Avez-vous des rendez-vous réguliers pour rassembler vos membres, à part les salons ?

Max Rougeaux : Oui, nous avons deux moments clés chaque année. L’Assemblée générale statutaire en automne, et une réunion informative au printemps lors des des deux rendez-vous majeurs que sont Alpipro et Mountain Planet. Nous cherchons à maximiser ces rendez-vous sans surcharger les agendas, sachant qu’il y a d’autres occasions de rencontres tout au long de l’année.

Cérémonie de Remise des prix du trophée Anticiper C’est Gagner 2022

Vous avez mentionné une feuille de route pour début 2024. Quels sont vos prochains objectifs ?

Max Rougeaux : L’ambition est de présenter cette feuille de route à nos adhérents fin 2024, pour la mettre en œuvre lors du prochain mandat, de 2025 à 2027. Après six ans à la présidence, tout dépendra si les adhérents renouvellent leur confiance à l’équipe que nous serons en mesure de construire. Il est essentiel, une fois la feuille de route élaborée, de pouvoir l’appliquer. Et face à la question précédente sur notre position par rapport à d’autres organisations professionnelles, il est crucial de réaffirmer nos fondamentaux.

Nous devons définir nos missions, nos ambitions, et les moyens nécessaires pour servir au mieux nos adhérents et la filière en général. Par exemple, durant la période COVID, nous avons soutenu l’inscription des fournisseurs de montagne dans les dispositifs d’aide gouvernementale, bénéficiant même à ceux qui ne sont pas membres de l’AFMONT. Notre vocation dépasse nos adhérents. Nous encourageons par exemple une tarification modérée dans les salons, profitant à tous. Et nous devons aussi prendre notre part de la réflexion sur la future vision de la montagne, même si les fournisseurs sont souvent concentrés sur le présent et le pilotage de leur business. Comment la montagne peut-elle évoluer à court, moyen et long terme ? Nous souhaitons aussi contribuer pleinement à cette réflexion et à la mobilisation sur cette thématique aux côtés d’autres acteurs de la filière. »

Y a-t-il une intention de recruter davantage de fournisseurs ?

Max Rougeaux : Oui, absolument. Notre but est d’attirer de nouveaux membres pour être toujours plus représentatifs. Plus nous sommes nombreux, plus notre voix a de l’impact.

À travers cette interview éclairante, Max Rougeaux nous offre sa vision de l’AFMONT, soulignant la nécessité d’une évolution tout en restant fidèle aux fondamentaux qui ont forgé l’identité de l’association. L’anticipation des changements, le souci constant de représenter au mieux ses adhérents et la volonté d’interagir harmonieusement avec d’autres acteurs de la montagne, démontrent des ambitions grandissantes pour la filière montagne française.


Fabien Felli, Président de POMA : « La transition écologique au cœur de la stratégie du groupe»