Avec une histoire riche de 90 ans, POMA est l’une des figures emblématiques de la construction de remontées mécaniques. En constante évolution, cette société du territoire Rhône-Alpes a façonné les montagnes françaises et bien au-delà. Notre entretien avec Fabien Felli, Président du groupe POMA, donne un aperçu de l’orientation future de l’entreprise et des innovations en cours.

« Made in France » : la colonne vertébrale de POMA

Le groupe POMA est fier de ses racines, il emploie environ 1 500 collaborateurs, dont 850 sur le territoire français. Solidement ancré en Rhône-Alpes, il produit 80% de ses télécabines en France, réitérant un engagement indéfectible au label « Made in France ». Tout en ayant une présence internationale significative, POMA constate une dynamique renouvelée sur le territoire français. La société se place en acteur majeur dans le renouvellement des appareils structurants dans les domaines skiables français, avec des projets tels que le 3S du Jandri aux Deux Alpes, la télécabine de Transarc aux Arcs, ou encore celle de Pontillas à Serre Chevalier.

« Nous avons conservé cette colonne vertébrale du « Made in France », qui nous semble nécessaire pour accompagner le secteur de la montagne, en trouvant des solutions au plus faible impact.

Il y a quelques années, nous réalisions un chiffre d’affaires qui s’élevait à près de 70% à l’export. Nous sommes déjà présents sur tous les continents (domaines skiables, applications urbaines, secteur touristique, transport de matériaux). Le Covid et les crises ont réduit nos exportations. En revanche, l’activité se renforce sur le territoire national. Nous travaillons notamment sur des éléments structurants des domaines skiables. Il s’agit d’appareils qui ont 35 à 40 ans, et qui sont en cours de remplacement. Nous constatons une dynamique intéressante dans le domaine des remontées mécaniques en France; L’activité est importante cette année et pour l’année prochaine sur les domaines skiables d’une part, et d’autre part on observe un intérêt grandissant pour les ascenseurs valléens, liaisons par câble qui s’inscrivent au cœur de la dynamique de territoires de montagne en facilitant les accès aux domaines d’altitude», nous explique Fabien Felli, Président du groupe POMA.

Ateliers POMA : pose de la structure d’une cabine Symphony. ®POMA

Partenariat avec la Compagnie des Alpes et vision éco-responsable

En décembre 2022, la Compagnie des Alpes (CDA) a opté pour POMA, le leader français des transports par câble basé dans les Alpes, pour un projet de remontées mécaniques d’une valeur de 200 millions d’euros, s’étalant jusqu’en 2026. Cette initiative s’aligne sur la stratégie d’investissement à long terme du groupe. En choisissant POMA, la CDA affirme son soutien au « Made in France » et plus précisément au « Made In Alpes », montrant sa volonté de soutenir les entreprises régionales durant ces temps économiquement incertains, tant au niveau national qu’international.

La collaboration avec la Compagnie des Alpes (CDA) montre la confiance renouvelée des grands acteurs du secteur envers POMA. “La CDA nous fait confiance avec un cadre contractuel plus large. Nous avons signé un certain nombre de contrats sur plusieurs années. Certains ont été signés il y a quelques temps (contrat cadre), et d’autres seront exécutés sur 4-5 ans. C’est une échelle de temps où nous produisons des appareils pour la Compagnie des Alpes dans différentes stations alpines”, précise Fabien Felli.

Télésiège débrayable 6 places POMA de l’Aiguille Rouge – Tignes

Au-delà des affaires, l’entreprise s’emploie à optimiser l’impact environnemental de ses produits sur l’ensemble de leur cycle de vie. Avec des initiatives comme le label « LIFE R’way, Low Impact for Environnent » et un accord avec Michelin pour le recyclage de toutes les pièces de téléportés en caoutchouc, POMA montre qu’elle s’engage activement pour un futur plus durable.

“Chez POMA, nous assumons nos choix. Nous avons effectué une analyse carbone et pris des engagements très forts : Le Groupe est adhérent au Global Compact de l’ONU et aligne son objectif de neutralité carbone sur les accords de Paris. Nous avons mis en place des outils pour mesurer l’impact carbone des installations, et nous travaillons activement à minimiser leur impact en cherchant des solutions, et en revisitant nos équipements depuis leur conception jusqu’à leur fin de vie ».

POMA et Michelin, l’alliance de deux industriels originaires de la région Auvergne Rhône-Alpes

POMA réaffirme son ancrage dans le territoire national, en travaillant en coulisses depuis près de quatre ans avec Michelin, un autre géant de l’industrie française originaire de la région Auvergne Rhône-Alpes. « En plus de la mise en commun de notre Recherche et Développement sur les pièces caoutchouc des remontées mécaniques, nous avons créé une filière qui nous permet de recycler toute pièce caoutchouc issues de nos installations en fin de vie pour les revaloriser ». POMA et Michelin ont formé un partenariat stratégique visant à développer des solutions de transport par câble innovantes plus durables, tant sur le plan écologique qu’économique.

Une gamme de produits « LIFE R’way, Low Impact for Environment »

« Nous disposons aujourd’hui d’une gamme de produits sous le label « LIFE R’way » (Low Impact For Environment) que nous proposons à nos clients en vue de réduire notre impact global. Par exemple, l’année dernière, nous avons systématiquement installé dans chaque appareil la solution ECODRIVE, afin que les exploitants puissent avoir un moyen d’optimisation énergétique avec effet immédiat. Il s’agit d’un système qui aide les opérateurs à ajuster la vitesse d’exploitation en fonction de la file d’attente et de la charge de l’appareil, et qui permet de réduire automatiquement la vitesse ».

Chaque mètre par seconde de réduction équivaut à une diminution de la consommation d’énergie de 15 à 20 %.

« De plus, nous proposons des moteurs à entrainement direct, qui consomment 15 % de moins qu’une motorisation classique. Nous collaborons également avec un partenaire pour des panneaux solaires flexibles qui peuvent être adaptés aux toitures courbes des gares de remontées mécaniques, offrant une source d’énergie complémentaire. Au sein du groupe, nous sommes également impliqués dans des activités éoliennes et hydroliques », indique Fabien Felli.

POMA, la technologie au service de l’expérience Client

La technologie est au cœur de l’offre de POMA. Parmi les évolutions technologiques qui améliorent les performances du système, le groupe POMA travaille activement sur l’expérience des clients. Les récentes innovations, notamment dans les télécabines, offrent un confort et une vitesse supérieurs, tout en étant plus silencieuses.

Telemix Le Diable sur la station des Deux Alpes. ®POMA

“ Tandis que notre filiale américaine excelle avec les télésièges, le nombre de télécabines produites au global dépasse largement celui des télésièges, ce qui est particulièrement évident cette année. Nous avons aussi mis en place un certain nombre de Télémix® , ce système hybride composé à la fois de cabines et de sièges sur une même ligne présente de nombreux atouts, notamment pour les flux débutants. Nos véhicules de dernière génération offrent de très belles prestations, adaptées à tous les publics de voyageurs. Nous avons également travaillé sur le confort et la réduction du bruit des câbles, les rendant de plus en plus silencieux et moins sujets aux vibrations. »

Chez POMA, le Télémix® a le vent en poupe

Investi auprès de ses exploitants et des destinations Montagne, POMA propose des solutions de transport qui favorisent et accompagnent la transition 4 saisons des stations de ski. Ces installations, comme le Télémix®, permettent de diversifier l’usage des remontées mécaniques : piétons, cyclistes, skieurs débutants… Une solution qui s’intègre au paysage et aux contraintes du milieu montagnard et de ses perspectives d’évolution.
Le Télémix® POMA est un véritable concentré d’innovations, alliant les avantages d’un télésiège – les skieurs conservent leurs équipements aux pieds pour un embarquement plus rapide – et ceux d’une télécabine – la sécurité des enfants, la facilité d’utilisation pour les débutants et le transport des piétons à la montée comme à la descente, hiver comme été sont assurés.

En 2022-2023, trois nouveaux appareils télémix ont été installés par POMA dans les Alpes françaises. Le Diable aux Deux Alpes est un appareil structurant du domaine qui part depuis le front de neige et qui est particulièrement adapté aux débutants. Cet appareil a été transformé permettant un moindre impact économique et environnemental grâce au réemploi de plusieurs équipements. Ainsi, 84 sièges sur les 86 proviennent de l’ancien télésiège, et la majorité des éléments de ligne tels que les balanciers, les passerelles et les potences, ont été récupérés.

Toujours aux Deux Alpes, la SATA Group fait le choix d’un deuxième Télémix® en remplacement du télésiège existant pour répondre aux besoins de l’ensemble des usagers des 2 Alpes sur le secteur attractif de Vallée Blanche. Avec un temps de montée divisé par deux, en 5 minutes chrono, le télémix Vallée Blanche offre un débit de 2800 personnes par heure, été comme hiver.

Enfin, le télémix Les Sures à Auris en Oisans relie désormais en moins de 3 minutes la gare d’arrivée du sommet des Sûres à 1870 m d’altitude avec ses sièges 6 places et ses cabines 10 places.

Saint-Gervais : 2 Télécabines débrayables 10 places et un ascenseur incliné écologique

Parmi les projets très attendus, St Gervais les bains se dote d’un ascenseur valléen POMA pour s’affranchir du trafic routier saturé de la vallée et offrir aux habitants une solution pour leurs déplacements quotidiens, durant toute l’année, confortablement installés à bord de cabines EVO XLINE.

La gare aval de la Télécabine 10 places du Fayet sera implantée directement dans la gare SNCF, permettant un trajet intermodal, rapide et décarboné aux locaux comme aux vacanciers jusqu’au centre de St Gervais et son domaine skiable avec seulement 8 pylônes en ligne. En effet dans le cadre d’un projet global porté par la STBMA, la deuxième partie de la liaison et artère principale qui rejoint directement le front de neige, l’actuel DMC de St Gervais, sera remplacée par une télécabine 10 places débrayable 7m/s.
Ainsi, un total de 4,3 km de liaison par câble permettra de relier le Bettex à 1400 mètres d’altitude, depuis les principaux accès routiers et ferroviaires de la vallée, en savourant un point de vue exceptionnel sur le Mont Blanc.

Troisième projet de la nouvelle offre de mobilité écoresponsable de St Gervais, la mairie investit dans un ascenseur incliné innovant et écologique pour connecter le centre village et le parc des thermes à proximité du Fayet. Unique en France, cet appareil innovant et écologique sera l’un des rares appareils au monde à fonctionner grâce aux eaux usées et qui, couplé à une génératrice, produira de l’électricité dans 80% des cas de charge, tout en assurant le transport des usagers entre les Thermes et le centre de Saint Gervais.

Le marché mondial : opportunités et challenges pour le groupe POMA

Bien que le marché des remontées mécaniques soit bien établi, il existe des disparités régionales et nationales. Les États-Unis voient une croissance explosive, tandis que la Chine connaît un ralentissement. Toutefois, POMA continue d’innover, en se développant notamment dans le secteur urbain, avec des projets dans des villes comme Ajaccio et Grenoble. Le groupe développe des solutions de mobilité urbaine par câble, un modèle d’avenir, en pleine croissance.

« Sur le plan mondial, le marché des remontées mécaniques reste très dynamique. Il n’est pas émergent, il est bien établi et largement reconnu. Aux États-Unis, notre activité est trois fois plus importante qu’il y a une vingtaine d’années. Il y a une dynamique très forte avec la création de, nouvelles stations des extensions et des remplacements d’installations. Il s’agit du secteur de la montagne le plus dynamique au niveau mondial. En Chine, en revanche, le marché du ski n’a pas connu une croissance extraordinaire, avec un nombre de skieurs très limité, et une culture de l’après-ski insuffisamment développée. Malgré cela, l’activité touristique reste importante pour POMA en Chine. Le fait d’avoir une filiale dans le pays nous permet de prendre le pouls du marché en temps réel, et nous constatons un ralentissement global de l’activité dans le pays.

Téléphérique de Saint-Domingue (République Dominicaine)

En termes de dynamique de marché, nous observons une croissance au niveau mondial, notamment en France, dans le secteur urbain. Nous avons commencé à explorer ce secteur il y a une dizaine d’années en Amérique latine, et cette tendance se poursuit. Nous sommes actuellement en train de construire un troisième système de transport par câble en République Dominicaine. En France, après les téléphériques de Toulouse et St Denis de la Réunion ouverts en 2022, nous sommes sur le point de lancer des projets à Ajaccio, et espérons débuter les travaux à Grenoble prochainement », précise Fabien Felli.

« Pour réaliser une transition écologique, il faut la financer »

« De manière globale, les acteurs de la montagne sont particulièrement sensibles au changement climatique. Tout comme les stations, nous avons conscience de l’urgence et nous adaptons nos modèles pour faire face, durablement. Récemment, j’ai rencontré un analyste du ministère de l’Économie et des Finances qui présentait différents scénarios pour le monde. Entre ne rien changer et tout arrêter et décroître, financer la transition écologique est l’alternative qui s’impose. Si nous ne finançons pas des infrastructures moins énergivores et moins polluantes, nous ne pourrons pas financer d’autres activités. Nous sommes là pour accompagner cette transition, et ce n’est pas synonyme de décroissance. »

Les propos de Fabien Felli mettent en lumière une réalité : le changement climatique est un défi majeur pour les territoires de montagne. Avec une vision proactive et innovante, POMA est déterminé à s’engager pour réaliser une transition écologique indispensable. Ce n’est pas seulement une question de survie pour le secteur, mais une opportunité d’innover et de construire un avenir durable.