L’aménagement des territoires de montagne et la gestion des stations de sports d’hiver impliquent des mutations internes souvent imperceptibles pour le client, mais essentielles à la survie et à l’innovation des structures concernées. C’est le cas de l’Etablissement Public des Stations d’Altitude (EPSA), dans les Pyrénées Atlantiques, qui prend des mesures ambitieuses pour s’adapter à l’évolution du secteur.

Quand l’interne façonne la montagne de demain

L’EPSA, acteur clé des domaines skiables des Pyrénées Atlantiques, supervise des sites emblématiques tels que Gourette, La Pierre Saint Martin et le train touristique de La Rhune. En tant que délégataire du département, il est responsable de la gestion du service public des remontées mécaniques, des pistes de ski et des services associés.

Fondé en 1983, l’EPSA est au cœur de l’activité économique de ces régions montagneuses, employant actuellement 80 salariés permanents et 260 salariés saisonniers.

Certifications : la garantie silencieuse d’une excellence opérationnelle

Sous la surface de l’exploitation de ces stations, l’EPSA a pris d’importantes initiatives pour garantir un impact moindre sur l’environnement tout en optimisant ses méthodes de gestion.

Station de ski de Gourette dans les Pyrénées Atlantiques

L’EPSA, depuis 2008, s’est résolument engagé dans une démarche d’évolution, non seulement au niveau managérial, mais également concernant son impact sur le territoire et l’environnement. Trois certifications illustrent cet engagement :

  1. OHSAS 18011, centrée sur le système de gestion de la santé et de la sécurité au travail,
  2. ISO 9001, mettant l’accent sur un management de qualité et la satisfaction client,
  3. ISO 14001, garantissant une réduction des impacts environnementaux.

Quand les initiatives internes redéfinissent l’offre

L’EPSA a également investi massivement dans la formation de ses employés, avec 742 journées formations organisées en 2021 et 781 en 2022. Des mesures telles que l’éclairage économe, la géolocalisation des dameuses et l’éco-conduite pour les remontées mécaniques ont été adoptées, contribuant à une empreinte écologique réduite.

« Le développement de nouvelles activités sur nos stations, comme par exemple le VTT, a entraîné la nécessité de sécuriser des circuits, d’avoir une vision précise des caractéristiques d’une piste VTT. Des pisteurs secouristes ont par exemple été formés sur Gourette et La Pierre Saint Martin à la sécurisation de ces nouveaux espaces (itinéraires VTT, trottinettes…)

Nous avons également formé les personnels de nos stations aux nouveaux outils numériques de type Snowsat qui permettent de mesurer et mieux gérer la hauteur de neige et optimiser ainsi le travail du damage.

Station de ski de La Pierre Saint-Martin

Enfin, la station de Gourette étant un site classé au titre des paysages, nous avons un devoir d’exemplarité. Tous nos personnels qui interviennent sur le domaine en été ont été formés par un bureau d’étude environnement (Biotope Artelia) pour mieux comprendre les enjeux et éviter d’éventuelles dégradations », explique Arnaud Libilbehety, Directeur Général de l’EPSA.

Garantir la pérennité des emplois

Face à l’inéluctabilité du changement (démographique, climatique et touristique), l’EPSA reconnaît la nécessité d’adapter ses services et sa vision. Les stations de ski se transforment progressivement en stations de montagne ouvertes toute l’année, les problèmes de recrutement deviennent plus prégnants et les saisons d’enneigement se raccourcissent. Tout cela nécessite une réflexion profonde et une adaptation rapide.

En collaboration avec d’autres acteurs territoriaux, l’EPSA a souhaité s’insérer dans une réflexion approfondie autour des problématiques de saisonnalité et de pluriactivité des emplois. L’objectif étant de garantir la pérennité de l’emploi saisonnier, permettant ainsi aux populations de rester sur le territoire.

Toutefois, l’EPSA reconnaît la nécessité de préparer ses équipes internes, en particulier les responsables et encadrants, aux changements à venir.

« Notre démarche s’inscrit dans un environnement de plus en plus mouvant. Elle a pour préoccupation première d’assurer la pérennisation des compétences et la transition du modèle économique du « tout ski » à un modèle plus diversifié», précise Arnaud Libilbehety.

Préparer l’avenir : renforcer les compétences managériales de l’EPSA

La collaboration avec le Plan Avenir Montagne Ingénierie, la DDETS et la Région Nouvelle Aquitaine a pour but de développer des solutions pour combattre les problématiques de saisonnalité et de pluriactivité des emplois, tout en répondant aux besoins managériaux imminents.

Cette collaboration s’est traduite par une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC), une démarche proactive qui permet à l’EPSA d’anticiper et de gérer les évolutions des emplois et des compétences en lien avec sa stratégie à moyen et long terme.

Petit train touristique de La Rhune

L’EPSA est déterminé à consolider la posture de ses managers, optimiser les outils opérationnels et faciliter la conduite du changement. Bien que les managers de l’EPSA soient dotés d’une expertise technique solide, certains ont besoin de renforcer leurs compétences managériales, notamment au regard des changements touristiques et des profils des salariés.

Une démarche d’amélioration continue

Quatre modules de formation ont donc été proposés pour répondre à ces besoins, notamment en matière de transition organisationnelle, de leadership, de gestion d’équipe et de diversification des activités.

« La démarche a débuté il y a près de 2 ans. Nous avons fait intervenir un cabinet d’études pour réaliser un diagnostic avec les personnels afin d’identifier les principaux axes de progrès. Nous avons recensé l’ensemble des compétences de nos saisonniers, bien au delà de celles liées au ski. Cela nous a permis d’identifier de nouveaux profils, de détecter des potentiels et de consolider des emplois, comme par exemple dans l’encadrement ou l’entretien des vélos.

Nous avions besoin d’une évolution et d’une montée en compétences avec une responsabilisation de l’encadrement intermédiaire, intégrée au projet d’entreprise. Le principe étant de ne pas opposer l’hiver et l’été mais plutôt de nous adapter au changement climatique et touristique », précise Arnaud Libilbehety.

L’EPSA, malgré sa discrétion face au grand public, fait partie des pionniers dans la gestion des stations de montagne. Son engagement envers une gestion interne solide et évolutive démontre la nécessité de considérer les changements internes comme essentiels pour l’avenir de l’aménagement montagnard.

« Dans cette démarche, l’Agence des Pyrénées nous a permis de mobiliser des financements pour réaliser des formations à destination des encadrants. Cela a été particulièrement utile pour déclencher des changements dans notre organisation. Nous constatons aujourd’hui une meilleure compréhension de notre personnel encadrant sur la nécessité de s’ouvrir à de nouvelles activités.

De manière plus générale, l’Agence des Pyrénées a joué un rôle fédérateur en relayant les différentes initiatives menées sur la chaîne des Pyrénées, et en nous partageant les retours d’expérience de différents acteurs », conclut Arnaud Libilbehety.

En somme, ces évolutions internes, bien que souvent invisibles pour le client, sont la preuve d’une volonté farouche de l’EPSA de s’adapter, de se réinventer et de préserver à la fois les territoires et les populations qui en dépendent. Les actions invisibles d’aujourd’hui façonneront la montagne de demain.