I Love Ski est parti à la rencontre de John PALACIN, Conseiller régional d’Occitanie et Président de l’Agence des Pyrénées, un homme de vision et de détermination, dont l’engagement envers les Pyrénées est inébranlable. Originaire de cette terre, il incarne la passion pour la préservation des richesses naturelles et culturelles du massif.

Son leadership éclairé a permis de mettre en place des projets innovants et durables, favorisant le tourisme responsable et la valorisation des ressources locales. Charismatique et pragmatique, John Palacin a su tisser des liens solides avec les acteurs locaux, les associations environnementales et les institutions publiques. Il œuvre au quotidien pour mobiliser les différentes parties prenantes autour d’un objectif commun : promouvoir l’écosystème unique des Pyrénées tout en préservant son équilibre fragile.

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les montagnes pyrénéennes (et les stations de ski des Pyrénées en particulier) en termes de durabilité et de préservation de l’environnement ?

John Palacin : Les Pyrénées (en tant que massif) sont confrontés aux mêmes défis depuis de nombreuses décennies : défendre les caractéristiques des territoires de montagne, lutter contre l’isolement, lutter contre le départ des populations faute d’emploi, défendre et valoriser les pratiques et les modes de vie sur ces territoires. Il nous fait également défendre notre capacité à accueillir des personnes, soit pour leur retraite soit pour leurs vacances.

®Agence des Pyrénées

Les territoires de montagne ont ce rôle partout dans le pays, sans oublier celui de produire de l’électricité, de produire de l’alimentation et de produire des lieux de vacances. L’enjeu aujourd’hui est de défendre toutes ces activités-là, pour faire que ce massif des Pyrénées puisse être un territoire où il est possible de vivre en équilibre.

John Palacin, comment l’Agence des Pyrénées travaille-t-elle en collaboration avec les acteurs locaux pour promouvoir le tourisme durable en montagne ?

John Palacin : L’Agence des Pyrénées est l’héritière d’une structure qui s’appelle la Confédération Pyrénéenne du Tourisme dont l’histoire est centenaire. Cette Confédération Pyrénéenne du Tourisme a successivement eu pour mission de défendre le thermalisme, le climatisme, puis les sports d’hiver et plus précisément le ski. Il est important de rappeler cette histoire car les activités en montagne ont évolué, mais toujours avec une volonté de rassemblement pour promouvoir l’action collective. Aujourd’hui, l’Agence continue à promouvoir les stations pyrénéennes en menant des actions très concrètes sur certains marchés.

Nous essayons également de partager avec les stations (et avec tous les territoires) les enjeux de développement. De quoi parle t’on ? De comment on peut utiliser nos ressources pour créer de la richesse et permettre aux gens d’avoir un emploi et de valoriser le territoire. Nous sommes à l’écoute de tous les projets, il y en a beaucoup dans le domaine agroalimentaire avec la valorisation des activités agricoles, et la défense des activités agricoles d’élevage. Il y aussi des projets plus originaux comme le thé des Pyrénées.

L’Agence des Pyrénées en 4 mots

Au-delà de cela, nous travaillons beaucoup avec les stations sur leurs projets de diversification mais aussi leur projet de positionnement marketing.

On parle ici de transition, ce qui ne veut pas dire l’abandon du ski.

Autrement dit, nous réfléchissons sur le ski, les nouvelles formes de ski et les nouvelles activités en station qui nécessitent des investissements. Nous accompagnons la réflexion sur les modèles économiques. Nous avons par exemple travaillé sur les questions de formation, et comment faire en sorte que les personnels qui travaillent en montagne en station soient formés pour pouvoir occuper plusieurs types d’emplois, qu’ils puissent rester sur place et construire une vie avec une continuité de revenus sur l’année.

Quelles mesures sont prises par l’Agence des Pyrénées pour atténuer les effets du changement climatique sur les domaines skiables des Pyrénées et garantir la viabilité de l’industrie du ski à long terme ?

John Palacin : L’Agence n’a pas vocation à faire des investissements. Elle a vocation à accompagner, parfois à mettre en relation les porteurs de projets pour qu’ils puissent surmonter des obstacles s’ils en rencontrent. Aujourd’hui nous travaillons sur des projets d’aménagement dans le domaine du vélo, ou des équipements multi-saisons. Par exemple à Luchon, nous accompagnons le projet d’un ascenseur valléen, une télécabine qui permet de monter en station l’été comme l’hiver, avec des skis, avec des vélos, avec ses enfants, pour tous les usages. Nous travaillons également sur l’utilisation des produits agricoles et alimentaires dans la valorisation du territoire.

Pic du Midi de Bigorre. ®Agence des Pyrénées

Plus globalement, il y a un travail qui est mené par l’état par les régions, sur la façon de financer les investissements nouveaux et la transition des stations. Il faut réfléchir à une certaine polyvalence. Mais encore une fois sur cette question du changement climatique, je pense qu’il ne faut pas rentrer dans les caricatures. Il y a quelques mois lors d’un conseil national de la montagne, il a été présenté une étude menée sur certaines vallées du Massif Central et qui montre que l’impact des évolutions climatiques change de vallée en vallée, et parfois de versant en versant.

Il faut donc regarder ce qui se passe vallée par vallée, versant par versant, et être assez réaliste.

Il y a une époque où on ne skiait pas dans les Pyrénées et où pourtant, il y avait des activités. Heureusement le ski est arrivé et il a créé de nombreux emplois dans les années 60, 70, et 80, ce qui a permis de maintenir beaucoup de populations.

Personnellement, je suis élu d’une commune et d’un territoire qui a des intérêts dans plusieurs stations de ski : au Mourtis, à Superbagnères et à Peyragudes. Je connais la difficulté de maintenir la continuité des revenus et l’importance de ces emplois. Mais je pense qu’en fonction des situations il faut essayer d’envisager toutes les possibilités. Notre grand sujet est devant nous, celui des modèles économiques. On parle beaucoup de la diversification des activités, du vélo, du thermalisme, du bien-être, de la randonnée… La question est de savoir qui crée de l’emploi, qui répond à la demande des visiteurs ? Comment faut-il investir ? Nous devons comprendre ces nouveaux modèles économiques.

Nous avons également de nouvelles réflexions associées à certains comportements, notamment entre le pur tourisme (les vacances) et la résidence temporaire. Certains viennent pour des périodes de moyen terme, parfois il y a des populations métropolitaines qui, à l’approche de la retraite, changent de vie. Comment pouvons-nous nous adapter pour accueillir dans de bonnes conditions ces populations-là ? Comment peuvent-ils, par leurs achats et par leur participation à la vie locale, contribuer à une forme de dynamisme et une forme d’activité dans les territoires de montagne ?

Comment l’Agence des Pyrénées soutient-elle le développement d’infrastructures de transport durables et la mobilité douce en montagne ?

John Palacin : Le transport routier représente 22% des émissions de CO2 de la France. Ce cas général se retrouve à l’échelle des stations de ski. Au sein de la région Occitanie, et la Présidente Carole Delga l’a rappelé, nous croyons au train, le plus loin possible ! Nous avons engagé des investissements importants pour remettre en service certaines lignes de train dites secondaires qui avaient été fermées. C’est le cas de la ligne Montréjeau-Luchon qui va permettre, grâce à un train qui roule à l’hydrogène, d’arriver au pied des stations avec 0 émission de CO2 émis pendant le transport.

Un autre gros sujet est la mobilité à l’intérieur des villes touristiques, et notamment lorsque l’on arrive à la gare.

Comment est-ce que les centres bourgs se positionnent par rapport à la voiture ? Il y a souvent des parkings assez importants en bordure de ville où les visiteurs peuvent laisser leur voiture pourvu que l’on assure la mobilité du transport à l’intérieur.

C’est à chaque territoire de concevoir ces liaisons et de voir comment il assure le transport au sein de ses stations touristiques, notamment avec des plateformes multimodales.

Des études ont été financées et ont livré des conclusions qui montrent que de nombreuses sociétés ont mis au point des véhicules de moyenne capacité, soit électriques soit à hydrogène, qui permettent de relier différents points dans les centres touristiques.

De notre côté, nous intervenons sur la décarbonisation. Nous croyons à l’hydrogène parce que nous pouvons le stocker.

John Palacin, quels sont les projets en cours pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables dans les stations de ski et réduire leur empreinte carbone ? 

John Palacin : La question du bilan énergétique de la rénovation est toujours présent et l’Agence des Pyrénées peut accompagner la réflexion sur ces sujets-là. Le recours à la géothermie ou le photovoltaïque devient aujourd’hui une évidence. Les Pyrénées sont un territoire de production d’énergie historique très important pour le pays.

L’hydroélectricité et la présence de EDF au sein de l’Agence des Pyrénées le démontrent. Nous devons trouver des compromis, pour bien produire de l’énergie d’une façon décarbonée. Et les Pyrénées sont un territoire où on peut le faire.

Quels sont les efforts déployés pour assurer la gestion durable de l’eau en montagne, compte tenu de sa valeur cruciale pour l’industrie du ski et les écosystèmes locaux ?

John Palacin : L’eau est un sujet qui est extrêmement compliqué. De manière générale, nous devons contribuer à l’amélioration de la balance commerciale agricole. Aujourd’hui, nous importons beaucoup de notre alimentation. Quand j’étais à l’école, on nous expliquait que la France était le grenier de l’Europe, que l’on exportait et que l’on produisait notre alimentation.

Lac d’altitude dans les Pyrénées. ®Agence des Pyrénées

Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Aujourd’hui nous devons protéger et défendre nos agriculteurs. Ensuite évidemment, il y a la question des stations de ski. Je pense que, comme dans tous les domaines sur cette question de l’eau, il faut en avoir une approche équilibrée. Je ne souhaite pas que l’on rentre dans une logique de guerre de l’eau. Il faut créer des équilibres, des accords sur la question des réserves d’eau, la taille de ces réserves. Mais des réserves pour qui ? Pour quels usages prioritaires ? Et sous quelle gouvernance ? Je pense qu’il est très important d’avoir une approche collective et de dialogue sur ce sujet. Le sujet de l’eau dépasse très largement le sujet de l’approvisionnement des stations de ski.

Concrètement, nous allons poursuivre nos efforts de sobriété, réaliser quelques réserves, effectuer des travaux sur les réseaux car on sait que ce sont les réseaux qui perdent de l’eau. Je ne sais pas si on peut l’aborder du point de vue des stations de ski, nous ne devons pas opposer les usages mais essayer d’avoir une approche d’ensemble, en posant des priorités. Nous avons peut-être autour de l’eau un des sujets politiques les plus importants à traiter et dans lequel chacun va devoir faire preuve de compromis et de pragmatisme.

John Palacin, quels sont les objectifs à long terme de l’Agence des Pyrénées pour le développement de la montagne dans la région, et quelles mesures sont prises pour les atteindre ?

John Palacin : L’Agence des Pyrénées n’a pas été conçue comme un lieu où on palabre. Elle a été conçue comme un outil, c’est-à-dire comme une capacité à mobiliser des réseaux, des consultants, à partager des expériences pour être un accélérateur de projets.

Concrètement, nous accompagnons par exemple des exploitants agricoles qui veulent s’installer, produire du fromage. Ils savent élever des bêtes et produire du fromage mais comment le commercialiser ? Quel prix fixer ? Quel réseau de distribution choisir ? Il faut quelqu’un qui sache comment fixer le bon prix, comment le distribuer, comment le commercialiser.

Aujourd’hui, nous souhaitons diversifier nos compétences et accompagner les acteurs sur la construction financière des projets pour les aider à accélérer leur maturation. L’Agence des Pyrénées veut pouvoir offrir ce service à tous les pyrénéens publics, privés, chefs d’entreprise, élus, président, agriculteurs, associations culturelles pour accomplir tous les projets de développement. Ce sont le carburant de vie des Pyrénées dans lequel il y a une vie associative, une vie culturelle, une vie économique qui est très riche. Nous devons apporter notre pierre à l’édifice encore une fois dans une logique de service.

Rencontres pyrénéennes le 01 juin 2023 à Saint-Lary. ®Agence des Pyrénées

Sous la Présidence de John Palacin, l’Agence des Pyrénées est devenue un acteur incontournable du développement régional, et une structure d’accompagnement et d’expertise en matière de développement durable. Conscient des défis auxquels sont confrontés les Pyrénées, l’approche holistique de John Palacin, prenant en compte à la fois les enjeux économiques, sociaux et environnementaux, encourage l’innovation et la création d’emplois durables. À ce titre, les trophées Pyreneo visent à récompenser des projets d’entreprises contribuant au rayonnement du massif.