Moment d’échange privilégié avec Caroline Leboucher, Directrice Générale d’Atout France qui partage avec nous ses passions et son lien affectif avec la montagne. Femme d’action et de convictions, elle nous explique comment l’intérêt général est au cœur de sa philosophie de vie.
Caroline Leboucher, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis Caroline Leboucher, heureuse épouse et mère de famille de 2 enfants de 18 et 15 ans. Je suis ingénieur de formation et originaire de Normandie. Aujourd’hui mon cœur balance entre la Normandie et le Pays Basque où j’ai également des attaches et avec lequel j’ai une longue histoire.
Professionnellement, j’ai occupé divers postes, toujours au contact des entreprises, et souvent à l’international. J’ai été experte à la Commission européenne- à Bruxelles, j’ai vécu au Japon pendant près de deux ans, à Tokyo, où j’ai travaillé notamment pour une banque française et à l’Ambassade au poste économique. Pendant 5 ans, j’ai été en charge de l’accueil des investissements internationaux en France chez Business France.
Depuis juin 2019, je dirige Atout France.

Caroline Leboucher, quelles sont vos passions ?
J’aime voyager, cela peut paraître un passage obligatoire chez Atout France, mais cela est vrai !
J’ai toujours adoré voyager à titre personnel et professionnel. Je n’ai d’ailleurs pas attendu d’être chez Atout France pour beaucoup voyager. J’ai vécu plus de deux ans à Bruxelles, et près de deux ans au Japon. Les années de pandémie ont été très difficiles pour moi, parce que j’ai toujours aimé découvrir de nouvelles cultures, et aller à la rencontre des habitants lors de mes différents voyages. Je suis vraiment heureuse que les frontières soient de nouveau ouvertes et de pouvoir de nouveau voyager. Lorsque je voyage, c’est très important pour moi de vivre comme les habitants, j’adore par exemple aller dans les supermarchés ou les marchés locaux.

Étant plus jeune, j’ai fait beaucoup de sport lorsque j’étais étudiante, y compris de la danse classique. J’ai notamment participé aux championnats militaires français d’escrime, d’épée et fleuret. Malheureusement, je n’ai plus vraiment le temps de faire du sport, et cela fait partie de mes regrets. Mais cela fait partie de mes bonnes résolutions pour 2023 !.
Dans mes passions, à part les voyages, ma famille et mes amis évidemment, j’aime tous les arts. Si vous me donnez un livre, si vous m’amenez dans un musée, si vous me faites découvrir un lieu patrimonial, aller au théâtre, voir un ballet contemporain ou classique ou assister à un concert ou un opéra, je serai extrêmement heureuse. Je suis moi-même peintre et pianiste à mes heures.
Quelle est votre relation avec le ski ?
Je skie depuis petite mais aujourd’hui, lorsque je skie (dans les Alpes), je me fais dépasser par mes enfants, hélas ! (rire) Mon mari est lui-aussi un skieur passionné.
Je fais partie de cette catégorie qui plus jeune, skiait beaucoup et qui aujourd’hui skie un peu moins. J’apprécie de plus en plus de pouvoir profiter des « à-côtés » des stations de montagne. J’ai plaisir à me balader dans les stations villages, à marcher et admirer les paysages, mais aussi à partir à la découverte de la gastronomie, des produits et restaurants locaux car je dois le reconnaître, je suis extrêmement gourmande et gourmet !!
J’ai plein d’anecdotes avec la montagne. Étant enfant, durant un cours avec l’ESF dans le Jura, en plein brouillard, je me suis perdue. Je me suis retrouvée en Suisse et j’ai trouvé cela plutôt amusant alors que mes parents en ont gardé certainement un très mauvais souvenir. Le moniteur est venu me chercher, ils ont ouvert à nouveau les remontées mécaniques. Nous avons pu redescendre jusqu’à la station, un peu dans le noir où tout le monde était au courant que 2 personnes s’étaient perdues, dont moi. Mais cela ne m’a pas découragé !!
J’ai aussi de beaux souvenirs en montagne l’été dans les Pyrénées étant enfant. Des souvenirs de vacances vers Gan ; où nous allions explorer les différents cols de montagne des Pyrénées en famille.
Comme je l’ai déjà évoqué, j’aime beaucoup le Pays Basque. J’y vais de moins en moins à la plage et de plus en plus à la montagne (Rhune bien sûr, mais aussi Mondarrain, Artzamendi, Baïgura….) pour faire de la marche. Je suis toujours émerveillée par les paysages que l’on peut découvrir au Pays Basque en toutes saisons !
Quelles sont vos motivations ? Pourquoi nous levez-vous le matin ?
Ce qui me motive, c’est l’intérêt général. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi à la sortie de l’école polytechnique de m’engager au service de l’Etat et d’être fonctionnaire. Je suis restée dans cette sphère publique et para-publique car pour moi, l’intérêt général est un moteur extrêmement fort. Me dire que le matin, je vais travailler pour améliorer le collectif et laisser un monde meilleur à nos enfants, est vraiment important. J’ai la chance d’avoir pu contribuer à cela dans mes différents postes.

Chez Atout France, travailler à la transformation du tourisme vers un tourisme plus durable, est une vraie chance. Notre mission, chez Atout France, est de contribuer à rendre les visiteurs heureux (c’est l’essence même du tourisme !), créer des emplois dans chacun des territoires, faire en sorte que l’impact environnemental et sociétal du tourisme s’améliore. Cela passe par l’utilisation de circuits courts, une meilleure gestion de l’énergie, de l’eau, des déchets, lutter contre le gaspillage alimentaire, améliorer l’empreinte carbone, être plus inclusif… Tout cela fait partie de l’héritage que nous devons laisser à nos enfants pour qu’ils puissent continuer à voyager. Il est primordial de changer la façon même de voyager.
Caroline Leboucher, quelle est votre plus belle réalisation ou votre plus grande réussite ?
A titre personnel, mes enfants.
A titre professionnel, ma plus grande satisfaction est quand d’anciens collaborateurs avec qui je suis restée en contact reviennent vers moi pour me donner de leurs nouvelles, demander conseil et que l’on prend le temps de discuter. C’est une grande satisfaction à chaque fois de mesurer le parcours et le développement personnel qui a été le leur, et que j’y ai contribué.

Et c’est toujours un bonheur quand ils me demandent conseil sur la suite de leur carrière. Je peux favoriser des mises en relation, et généralement cela débouche sur de belles rencontres. C’est extrêmement motivant et être ainsi utile, c’est une grande satisfaction pour moi. Tout récemment, chez Atout France, je suis fière de la façon dont l’agence et les équipes ont su innover, s’adapter et accompagner nos partenaires pendant la pandémie.
Avez-vous des regrets aujourd’hui ?
Mon regret principal est de ne pas avoir assez de temps pour réaliser tous mes projets et mettre en œuvre mes nombreuses idées ! (rire), et surtout de ne pouvoir concilier mon activité professionnelle avec mes passions personnelles ou avoir assez de temps pour ma famille et mes amis.
Si vous aviez une liste de 3 vœux pour la montagne, quels seraient-ils ?
Ma réponse va être très classique si je réponds : du collectif, du durable et de l’inclusif. Alors, je dirai plutôt : « ensemble – ensemble – ensemble ». Les défis sont désormais bien partagés : nous les surmonterons grâce au collectif et à l’esprit de cordée. C’est tout le sens de l’action d’Atout France avec les acteurs des massifs français.
Caroline Leboucher, quelle est votre vision de la montagne française ?
Les montagnes sont un très beau patrimoine, un bel héritage vivant qu’il nous appartient de préserver et de faire fructifier. Nous avons la chance d’avoir des acteurs de la montagne extrêmement mobilisés, avec une belle énergie positive. Au sein de ce collectif, il y a une vraie envie de revoir les modèles pour pouvoir transmettre aux générations futures cet amour pour la montagne, une montagne préservée qui pourra continuer de bénéficier à tous, et qui permettra à chacun demain, de continuer à s’émerveiller devant des paysages et des savoir-faire, ou de vivre de et à la montagne.

Il est difficile de se projeter dans vingt ans, mais je n’ai aucun doute que le ski continuera à être une pratique sportive plébiscitée à la fois par les Français et par nos visiteurs internationaux. Aujourd’hui, un tiers des visiteurs des stations de montagne sont internationaux. Le ski continuera à vivre et à exister dès lors que nous aurons fait collectivement tout ce travail pour permettre aux stations de continuer à fonctionner, en se diversifiant et en élargissant l’attractivité de la montagne aux quatre saisons.
Il est fondamental de transmettre ce goût du ski, de l’effort, plus généralement de la pratique sportive et de la nature – je salue les initiatives de l’ESF à cet égard, à nos enfants. C’est d’ailleurs un objectif que nous partageons avec France Montagnes, l’Ecole du Ski Français et les Domaines Skiables de France.