I Love Ski est parti à la rencontre de Josep Marticella, Directeur Général de la station de Pal Arinsal en Andorre. À 51 ans, ce sportif dans l’âme, et amoureux inconditionnel de l’Andorre, nous dévoile son parcours et ses passions. Partagé entre la France, l’Espagne et l’Andorre, il représente à lui seul un incroyable cocktail culturel qu’il met à profit dans sa vie personnelle et professionnelle.

Josep Marticella, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Josep Marticella : Je suis né et j’ai grandi en Andorre. Ma mère est andalouse et mon père est andorran mais sa famille habite à Barcelone. Je suis Catalano-andalou-andorran. Mon épouse quant à elle est française. Cela donne une indication sur la population en Andorre. Nous sommes un pays enclavé dans les Pyrénées avec deux grandes influences que sont la France et l’Espagne. J’adore ce melting-pot andorran. Aujourd’hui nous avons 8 millions de visiteurs par an pour une population de 80.000 habitants à l’année.
J’ai suivi mes études à Montpellier où j’ai passé une maîtrise en économie. J’ai ensuite suivi plusieurs formations en commerce dont une année en Business School à Barcelone.

Depuis 9 ans j’occupe le poste de directeur général à Pal Arinsal. Plus qu’un rêve d’enfance, c’était mon objectif professionnel.

Quand j’ai passé mon bac, la seule chose dont j’étais persuadé était ma volonté de travailler en montagne et travailler en équipe. La gestion des personnes est quelque chose qui me passionne. En France, j’ai joué au Rugby et j’ai fini vice-champion universitaire avec l’équipe de la fac de Toulouse. Depuis l’âge de 3 ans, je pratique le ski je pense que ça a dû influencer mon parcours 😊😊
Aujourd’hui je me régale là où je suis. Je croise les doigts tous les matins pour que cela dure. C’est un milieu très intense, qui demande beaucoup d’engagements.

josep-marticella

Quelles sont vos passions ?

Josep Marticella : J’ai une très grande passion pour le sport. C’est pour moi un style de vie, totalement intégré à mon quotidien. Cela m’aide à me remettre les idées en place. La famille et les amis sont aussi des piliers qui occupent une place indispensable pour moi.

Josep Marticella, quelles sont vos motivations ? Pourquoi vous levez-vous le matin ?

Josep Marticella : Je me lève avec l’envie de faire des choses et d’apprendre. Je viens d’une culture et d’une éducation où les choses se font tôt le matin. Je me lève souvent très tôt et c’est non-stop jusqu’au soir, et cela peut fatiguer mon entourage de temps en temps (rire). J’aime défendre mes projets et mes positions.

Quelles sont votre plus belle réalisation ou votre plus grande réussite ?

Josep Marticella : J’ai une fille et c’est une fierté pour moi, une véritable raison d’être.
Ensuite, ce dont je suis particulièrement fier, en toute modestie, c’est d’être écouté. J’aime pouvoir contribuer à des discussions et des projets. Professionnellement, je suis quelqu’un qui cherche à progresser : ma réussite passe par celle de mes équipes et surtout de ce secteur qui me tient à cœur et qui est une des activités principales pour l’économie andorrane. J’ai toujours une fierté de pouvoir contribuer au développement touristique et économique de mon pays.

Josep Marticella et sa famille
Josep Marticella et sa famille

Avez-vous des regrets aujourd’hui ?

Josep Marticella : Non, pas véritablement. Avec l’âge, j’ai appris à vivre dans l’imperfection et relativiser sur les éléments que je ne maîtrise pas ou qui, simplement, m’échappent. Plus jeune ce n’était pas pareil mais avec l’âge, on apprend à prendre du recul. Il y a eu un grand changement dans ma vie quand j’avais 30 ans, j’ai véritablement compris que la vie avait une fin et qu’il fallait savoir savourer chaque instant.

Si vous aviez une liste de 3 vœux pour la montagne, quels seraient-ils ?

Josep Marticella : Pour ma montagne en particulier mais cela vaut pour la montagne en général, je pense que le premier vœu serait de ne pas perdre nos valeurs, notre façon d’être, notre capacité à garder cette résilience que l’on a tant prouvée. Ce sont des valeurs fondamentales que nous essayons de transmettre aux générations futures.

Ensuite, j’aimerais aussi que cette montagne soit une opportunité pour nos enfants. Il est important que les jeunes partent à la découverte du monde, qu’ils se forment et qu’ils apprennent. Mais si jamais ils souhaitent revenir sur le territoire j’aspire à ce qu’ils aient une vraie place et une opportunité. Cela me semble primordial.

Josep Marticella sur le domaine de Grandvalira Pal Arinsal
Josep Marticella sur le domaine de Grandvalira Pal Arinsal

Enfin, j’aimerais que notre montagne reste authentique. On parle souvent d’environnement et de protection de la nature : il n’y a personne de plus intéressé que nous à protéger ce milieu-là dans lequel nous évoluons. Mais il faut aussi que ce soit une montagne active où les gens puissent vivre et se régaler. À mon avis on devient tellement « politiquement correct » partout qu’on en arrive à perdre la spontanéité et la joie de vivre. Et, ça c’est de nature à m’inquiéter…

Josep Marticella, comment voyez-vous la montagne de demain ?

Josep Marticella : En Andorre, nous sommes en train de vivre un gros changement, avec la création d’une marque commune à toutes les stations de ski (Grandvalira Resorts). Nous allons être le premier pays avec un forfait unique pour toutes les stations. C’est une grande fierté qui va nous mettre dans de bonnes conditions pour l’avenir. Cela nous a permis d’intégrer le prestigieux Ikon Pass qui est la référence mondiale des destinations de ski phare.

Épreuve de Coupe du Monde de VTT - Vallnord Pal Arinsal
Épreuve de Coupe du Monde de VTT – Vallnord Pal Arinsal

On travaille aussi depuis de nombreuses années pour devenir une destination « quatre saisons », avec de nombreux évènements toute l’année. À titre d’exemple cette année, nous organisons les finales de la coupe du monde de Ski Alpin, une épreuve de la coupe du monde de VTT et les championnats du monde VTT en 2024.
La sécurité dans notre pays est aussi un vecteur primordial, que ce soit pour nos touristes comme pour notre population.

Josep Marticella, comment vous voyez-vous dans les années à venir ?

Josep Marticella : Vous avez bien compris que la montagne est un milieu qui me tient à cœur. Mon regret pourrait être de ne pas partir travailler à l’international mais l’occasion ne se présentera certainement pas et il en est ainsi.
Je pense que je peux aider l’industrie du ski andorran et du tourisme à se développer, et à l’heure actuelle je ne me projette pas ailleurs. Si je venais à changer de milieu professionnel, il faudrait que ce soit quelque chose qui me passionne autant que ce que je fais aujourd’hui. Le contraire deviendrait ennuyant et ce ne serait pas sans conséquences ni pour moi ni pour mon entourage. 😊😊