I Love Ski a eu le privilège de rencontrer Fabrice Boutet, Directeur Général de SATA Group. Cet ancien sportif de haut niveau, à la tête du deuxième exploitant de domaines de montagne en France, partage avec nous son incroyable parcours et son combat au quotidien.

Fabrice Boutet, pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?

Fabrice Boutet : J’ai 61 ans. Je suis actuellement Directeur Général de la SATA Group. J’ai effectué ma scolarité d’enfant entre l’Alpe d’Huez et la région parisienne. Depuis petit, j’ai évolué dans le monde du sport de haut niveau en Athlétisme et de compétition en handball et ski. J’ai notamment joué au handball en National 2 et 3 pendant près de 20ans.

Fabrice Boutet, sportif de haut niveau en athlétisme

J’ai la chance d’avoir deux enfants, une fille et un garçon. Ma fille, âgée de 32 ans, travaille chez Atomic et est monitrice de ski. Elle est mariée, elle a une petite fille et bientôt un deuxième nouveau venu. Puis, j’ai un garçon, âgé de 29 ans, moniteur de ski, qui quant à lui, travaille chez Poma, à l’international. Ma femme et moi sommes mariés depuis plus de 30 ans. Nous avons des enfants très sportifs, qui ont suivi nos traces. Ils ont pratiqué les mêmes sports que moi, le ski et le handball de haut niveau.

J’ai intégré l’UEREPS (l’Unité d’Enseignement et de Recherche en EPS) de Paris, afin de devenir professeur d’EPS. J’ai été amené à changer d’option,en passant du ski à l’athlétisme, en m’orientant vers le sprint. J’ai très rapidement intégré l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) étant spécialisé sur le 100m, le 200m et le 4 x 100m. C’est dans ce cadre-là que j’ai effectué mes études de professeur d’EPS en parallèle de mon parcours de sportif de haut niveau. Après ma carrière, je fus professeur d’EPS durant une année seulement. En effet, une opportunité s’est présentée à moi. Un de mes amis avait besoin d’un assistant et il m’a dit cette phrase : «Je ne te vois pas dans l’éducation physique toute ta vie, si tu reprends tes études, nous allons changer le monde». Il avait sans doute raison, j’ai intégré la grande école de commerce, Emlyon. Je fus dans les premiers sportifs de haut niveau à bénéficier de la passerelle existante réservé à ce statut .

Signature du partenariat avec le Président de la CAPEB lorsque Fabrice Boutet était Directeur Général du Développement en Europe

Je suis entré dans le monde de l’industrie en parallèle de mes études. Dans un premier temps, j’ai débuté dans l’industrie du chauffage pendant 2 ans. Par la suite, j’ai rejoint un groupe fantastique du nom de Tarkett Sommer. À terme, je suis devenu Directeur Commercial France puis Directeur Commercial Europe. Après 16 années passées au sein de cette entreprise, j’ai souhaité changer d’horizon.

J’ai intégré une entreprise de génie climatique, CIAT, premier sur le marché français. Je fus Directeur Général Monde. J’ai eu la chance de voyager dans le monde entier et de faire du génie climatique, aussi bien du chaud que du froid, dans le tertiaire ou encore le collectif. Plusieurs années plus tard, le groupe a été racheté par une entreprise américaine, UTC (United Technologies Corporation). Cependant, je ne me retrouvais plus dans les valeurs de celle-ci. J’ai toujours travaillé dans de grands groupes internationaux, mais français, avec des valeurs familiales. Je me suis détaché de cette entreprise et j’ai été recruté par ALDES Groupe international et premier groupe sur le marché français de la ventilation et du traitement d’air. J’étais en charge du développement à l’échelle européenne.

Fabrice Boutet à l’Alpe d’Huez – 2017

Lorsque j’étais moniteur de ski (stagiaire), mon directeur est devenu quelques années plus tard, le maire de l’Alpe d’Huez. Un jour, il me demanda si j’étais intéressé de le rejoindre, pour servir un projet de territoire. Après quelques minutes de réflexions, je lui ai annoncé que j’étais intéressé. J’ai donc passé les différents entretiens avant d’être recruté. Devant l’opportunité d’intégrer les 2 Alpes, il recherchait un chef d’entreprise qui aurait la mission de structurer SATA afin d’en faire une entreprise et de créer un groupe. Aujourd’hui, nous regroupons 866 collaborateurs avec un chiffre d’affaires de 95 millions d’euros.

Fabrice Boutet avec Jean Souchal et à droite, Jean-Yves Noyrey, Maire de l’Alpe d’Huez

Quelles sont vos passions ?

Fabrice Boutet : Je suis passionné par le sport en général, la montagne et les jobs que j ai eu à faire.. Mais je suis avant tout passionné par mon métier d’aujourd’hui alliant mes passions et mes qualifications, ainsi que les femmes et les hommes qui composent mon équipe.

Le sport m’a appris qu’avec la meilleure équipe, nous pouvons atteindre tous nos objectifs.

Le management, de façon générale, me passionne.

Fabrice Boutet avec son Directeur Financier et Thomas Lardon, membre de l’équipe de France, sponsorisé par la SATA. Photo prise à l’Alpe d’Huez (3330m)

Fabrice Boutet, quelles sont vos motivations ? Pourquoi vous levez-vous le matin ?

Fabrice Boutet : Lorsque je me lève le matin, mes motivations sont de réfléchir à comment je vais faire progresser mon équipe. pour cela , je travaille à constituer une équipe solide et équilibrée à mes côtés. Nous comptabilisons 110 métiers dans nos organisations et je veux m’intéresser à chacun d’eux, voir comment leur apporter le soutien nécessaire pour les faire progresser.

Étant sportif, mon défaut est d’avoir la volonté de réussir les différents challenges qui se proposent à nous en fonction de la stratégie que nous avons définie.. . C’est un engagement pris, vis-à-vis de mon conseil d’administration, de mes élus, de mes administrateurs, mais aussi de mes partenaires financiers et des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Cependant, il m’est impossible de tenir ces engagements seul, c est également un engagement pris vis-à-vis de mes équipes afin de développer un véritable «état d’esprit »  et d’assurer une réussite pérenne.

Fabrice Boutet aux finales de la Coupe du Monde de ski à Courchevel, avec le Directeur Général de Chamrousse et le Directeur des opérations de la SATA

Quelle est votre plus grande satisfaction ou votre plus grande réussite ?

Fabrice Boutet : Une de mes plus grandes satisfactions vient de ma carrière en tant que sportif de haut niveau. Malgré mes nombreux entraînements effectués sous la pluie, sous la neige, je ne retiens aujourd’hui que les merveilleux moments. Un premier point : le goût de l’effort.

L’adrénaline amassée durant cette période est aujourd’hui retranscrite dans mon travail. J’essaie aussi de faire en sorte que mes collaborateurs deviennent des sportifs de haut niveau. J’ai cette volonté d’aller toujours plus loin et de le partager avec eux. J’ai beaucoup de plaisir à voir des hommes et des femmes avec qui j’ai travaillé, progresser et performer dans des métiers à responsabilités. Voici mes plus grandes sources de satisfaction.

Fabrice Boutet, quel est votre plus grand regret, s’il y en un ?

Fabrice Boutet : Mon plus grand regret aujourd’hui est de ne pas avoir commencé ce métier il y a 10 ans. Cela fait maintenant 2 ans que j’ai pris cette responsabilité au sein de SATA GPE. Le maire et moi savons qu’il me reste 4 années avant que l’histoire ne s’achève. En voyant tous les projets qui vont et qui ont été mis en œuvre, j’aurais aimé avoir plus de temps pour les conduire jusqu au bout. Par ailleurs, je sais que je partirai l’esprit tranquille. Quand je vois l’équipe qui est derrière moi, je sais que ma succession se fera dans les meilleures conditions avec la bonne maitrise du projet global et la compréhension parfaite de la stratégie engagée par l’entreprise pour le territoire.

Inauguration de la Télécabine Super Venosc « A avec Jean Souchal (Président de Poma) et Christophe Aubert, Maire des 2 Alpes

Si vous aviez une liste de 3 vœux pour la montagne, quels seraient-ils ?

Fabrice Boutet : Tout d’abord, j’aimerai une meilleure considération de la part des institutions officielles. Je souhaite que nous soyons considérés, non pas comme des pollueurs, mais comme de vrais écologistes.

Nous vivons de notre milieu, la montagne, et nous voulons la protéger

Tous les projets que nous développons aujourd’hui, ont pour objectif d’optimiser afin de combattre ces enjeux environnementaux et climatiques. Lorsque nous développons une remontée mécanique, nous démontons plus de pylônes que nous n’en remontons. Nous rendons le plus possible l’espace à la nature. Lors d’un chantier de retenue collinaire, nous faisons attention à l’engazonnement et aux alpages pour les animaux. Mon premier vœu est donc d’être considéré comme des fervents écologistes de la montagne, qui y travaillent et qui y vivent.

Fabrice Boutet en ski hors piste à l’Alpe d’Huez

Mon deuxième vœu est de faire découvrir le monde de la montagne au plus grand nombre. Nous sommes la quatrième destination de vacances d’été, après la mer, la ville et la campagne. Il y a tellement d’activités et de choses à faire. Nous sommes en train de s’armer pour construire une vraie transition, afin de faire découvrir la montagne autrement. En partant du débutant, qui n’a jamais marché en montagne, en mettant en place des signalisations afin qu’il se promène et qu’il découvre ce merveilleux territoire. Jusqu’à l’alpiniste, qui quant à lui, prends ces crampons afin de se hisser aux sommets.

Et enfin mon troisième vœu est que nos territoires puissent continuer de vivre de l’économie de ces mêmes territoires par le développement des métiers de la montagne et des activités du tourisme raisonné. Tout cela dans le respect de l’environnement. Je souhaite que nous continuions à travailler en professionnalisant encore davantage nos métiers.

Fabrice Boutet à l’Alpe d’Huez avec son Directeur des opérations et son Directeur d’Exploitation (saison 2021-2022)

Face à ces enjeux, comment vous projetez-vous ?

Fabrice Boutet : Je me projette en tant que porte-drapeau de tous les sujets évoqués auparavant. Je dois être le premier, être exemplaire et le transmettre à toutes mes équipes. Nous avons créé une marque du nom d’AEON, lancée en novembre 2021, afin de sublimer nos différentes destinations. Nous voulons un vrai label d’exigence pour l’entreprise. Cela va permettre d’apporter la meilleure qualité pour nos clients, basé sur 5 piliers :

  • Le premier est l’accueil, la considération et la valorisation de chacun.
  • Le deuxième pilier est la notion de « Easy to », dans le but de faciliter la vie de nos équipes et donc par extension de nos clients.
  • Le troisième pilier est le bien-être de chacun. Cela passe bien sûr par la considération et la valorisation des femmes et des hommes. Mais aussi par le Sentiment de sentir chez soi dans une géographie différente apportant plaisir et dépaysement
  • Le quatrième correspond aux activités. Cela consiste à tout mettre en œuvre pour que chacun trouve sa place.en fonction de ses attentes Du débutant qui vient pour la première fois faire du ski, jusqu’à l’expert en équipe de France et ce dans toutes activités que nous proposons.
Fabrice Boutet avec David Leguen et Nicolas Sionnau à La Grave
  • Et enfin, le dernier pilier est l’innovation, en vue de combattre les enjeux environnementaux. Nous avons opté pour les dameuses à hydrogène. L’objectif est d’atteindre zéro émission de CO2, sur nos 3 domaines, dans 10 ans. En effet, les dameuses sont, aujourd’hui, les derniers outils à émission de CO2. Il faut trouver des alternatives. Nous en avons commandé cinq, nous sommes en plein développement.et élaboration des solutions pour accueillir ces nouvelles machines.
    Puis, concernant l’hydroélectricité et la neige de culture, nous utilisons de l’eau qui revient de toute façon à la nature. Notre objectif est de pouvoir utiliser l’eau pour obtenir une énergie verte afin de rendre autonome toutes les installations informatiques, de communication ou de sécurisation dans les remontées mécanique et usines à neige. Le développement du photovoltaïque est dans la même veine et est implanté sur nos nouvelles installation pour les mêmes raisons.