En montagne, la demande de destinations responsables se fait de plus en plus sentir. Le changement des habitudes de consommation provoqué par le Covid-19, le tourisme gastronomique, la consommation durable et l’innovation ont été les protagonistes de la deuxième journée de la 11e édition du Congrès Mondial du Tourisme de Neige et de Montagne, qui s’est concentré cette année sur une vision optimiste de l’avenir du secteur.
Le Congrès Mondial du Tourisme de Neige et de Montagne est un rendez-vous de la montagne à l’initiative des sept municipalités et du gouvernement d’Andorre, en collaboration avec l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). Son objectif est de créer un forum de débat permanent sur le développement et la durabilité du tourisme dans les zones de montagne.
Destinations responsables : gastronomie et consommation durable de la montagne
Mettant en lumière quelques success stories au niveau international, la première session de cette deuxième journée du Congrès a mis en avant la gastronomie et la consommation durable comme des tendances montantes permettant de consolider l’identité, la culture de la destination et la chaîne de valeur.
La table ronde, animée par David Mora, coordinateur du Master Gastronomie du Basque Culinary Center (BCC), a réuni plusieurs professsionels du secteur :
- Michel Rumiz, directeur du programme Slow Food Travel
- Vee Bougani, CEO du Mouvement pour l’ alimentation durable
- et le chef Jordi Grau, du restaurant Ibaya du Sport Hotel Hermitage et premier chef d’Andorre à avoir obtenu une étoile Michelin.

« Le gastrotourisme existe, de nombreux visiteurs choisissent leur destination en fonction de la cuisine locale, ce qui en fait un atout majeur pour le tourisme de montagne », a fait remarquer Bougani. Cependant, il a également souligné l’importance de « respecter les montagnes, les personnes qui y vivent et de promouvoir des systèmes de durabilité pour maintenir leur écosystème ».
Dans ce sens, Michel Rumiz a rappelé que « la durabilité fait partie de la définition même de la qualité : si une destination n’est pas engagée sur les questions de durabilité, il lui sera plus difficile aujourd’hui d’être considéré comme une destination de qualité ».
La diversité gastronomique doit être défendue comme un actif potentiel pour le tourisme.
« Les restaurants doivent proposer des recettes typiques et des produits locaux, et les agriculteurs locaux doivent offrir des expériences gastronomiques uniques », a ajouté Rumiz.

Investissement dans la durabilité : une nécessité pour élargir l’offre touristique et faire partie des destinations responsables
D’un point de vue gastronomique, les chefs ont un rôle clé à jouer. Ils ont acquis une importance déterminante ces dernières années dans la génération de nouvelles tendances.
« Nous avons un rôle très important dans la projection des valeurs, et nous devons savoir ce que nous transmettons. Nous devons également être conscients que l’éducation à la durabilité est une course de fond », a expliqué le chef Jordi Grau.
Le tourisme d’expérience en montagne, un élément clé pour le consommateur
La santé, le bien-être et le contact avec la nature et les communautés locales sont devenus des éléments clé pour les consommateurs lors du choix d’une destination. Ce changement d’habitudes oblige les destinations et les entreprises de services touristiques à s’adapter rapidement à cette nouvelle réalité.
- Le tourisme d’expérience dans un environnement sain a été l’axe structurant la deuxième table ronde de la journée. Cette dernière a été animée par Céline Fortin, Directrice régionale Europe & Océanie chez Adventure Travel Trade Association (ATTA), avec la participation de :
- Michel Durrieu, CEO d’Huttopia
- Betim Budzaku, CEO d’Andorra Turisme
- et Pierre-François Adam, Responsable Innovation, Prévision et Entrepreneuriat du Cluster Montagne.

Les différentes interventions ont mis en lumière des expériences innovantes menées dans ce domaine. Le cas d’Huttopia a été particulièrement révélateur de ces tendances. Ils proposent en effet des offres d’hébergement en pleine nature, s’adaptant à la culture et à la géographie.
Budzaku a de son côté souligné l’importance et le défi de « parvenir à prolonger les séjours et à convertir le visiteur d’un jour en touriste ».
Le changement climatique engendre une conscience environnementale et une recherche de destinations responsables
La dernière session du Congrès s’est concentrée sur le changement climatique, la durabilité et la conscience environnementale croissante des consommateurs, autant de facteurs qui obligent le secteur à s’adapter aux nouvelles exigences.
Dans cette lignée, et comme l’a souligné Leigh Barnes, responsable de la communication d’entreprise chez Intrepid Travel, la pandémie a accentué cette tendance : « Les consommateurs veulent voyager de manière plus durable, et nous devons répondre à leurs attentes ». « Nous ne pouvons pas avoir une industrie touristique saine si nous n’avons pas une planète saine », a ajouté Leigh Barnes.

La table ronde a également compté sur les interventions de :
- Marc Pons, Directeur d’Andorra Research + Innovation
- Domitien Détrie, Directeur Général de l’Agence des Pyrénées
- et Jeremy Smith, co-fondateur de Tourism Declares a Climate Emergency
- sous la modération d’Alessandra Priante, directrice du Département Régional pour l’Europe de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT).
L’efficacité énergétique, une construction respectueuse de l’environnement ou l’utilisation de matériaux naturels ont été les sujets abordés lors de la session. Une session au cours de laquelle ont également été présentés des exemples d’initiatives touristiques intrinsèquement liées au développement durable.
« La surpopulation, la chute de la biodiversité, le changement climatique, la décarbonisation, la numérisation et la dynamique post-pandémique sont des défis qui nécessitent des changements structurels, tant publics que privés », a souligné Marc Pons.
« La société est très conscientisée, mais le niveau de réponse est faible compte tenu de la complexité des solutions. C’est pour cette raison que les différents agents, y compris les citoyens, doivent travailler ensemble », a-t-il conclu.
A lire aussi…