Après une fin d’année 2021 et un mois de janvier remplis de désillusions, Clément Noël a réussi de la plus brillante des manières à remporter une formidable médaille d’or dans la discipline la plus indécise des Jeux Olympiques de Pékin. Le tout nouveau champion olympique de slalom, Clément Noël, est notre skieur du mois.

De son enfance passée dans les Vosges, à son arrivée à Val d’Isère en famille d’accueil, le parcours de Clément Noël est très bien raconté dans un épisode du premier podcast français dédié au ski alpin, « L’Avalanche – le Podcast ».

A la question « Comment peux-tu te définir ? », Clément Noël répond : « J’ai 24 ans. Je skie depuis bien longtemps et je fais majoritairement du slalom en Coupe du monde ».

Je suis originaire des Vosges où j’ai passé toute ma jeunesse avant de migrer dans les Alpes et les montagnes un peu plus hautes, pour poursuivre ma passion.

« J’ai grandi les échelons pour arriver là où je suis aujourd’hui, dans le Groupe Coupe du monde avec mes collègues. Je m’entraîne pour être performant sur les skis durant les hivers ».

Dans ce podcast enregistré avant le début de cette saison, le skieur de Val d’Isère aborde également bon nombre de sujets comme la technique du slalom, la longueur des skis utilisés, son état d’esprit avant les courses et évidemment… les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin.

N’hésitez pas à écouter cet épisode passionnant pour mieux connaitre Clément Noël, en complément de la story qui suit où nous allons revenir sur son parcours avant et pendant les JO.

Un début de saison en fanfare mais…

Clément Noël démarre sa saison de Coupe du monde début décembre 2021 de la plus belle des manières. Il offre aux fans de ski à Val d’Isère une superbe démonstration sur la Face de Bellevarde en remportant pour la première fois de sa carrière le slalom du Critérium de la première neige.

Le Vosgien va ensuite traverser une longue période semée de quelques désillusions et pas mal de doutes.

Au slalom de Madonna di Campiglio le 22 décembre, après avoir largement dominé la première manche, l’invraisemblable survient. Il chute à l’avant-dernière porte dans le second run alors que la victoire lui était promise !

Après le slalom fiasco annulé de Zagreb, place à celui d’Adelboden. Pour une nouvelle contre-performance de Clément. Il enfourche dès le haut du parcours en première manche et est contraint à l’abandon. Deux courses et deux fois zéro points : de quoi installer le début d’un doute dans sa tête.

A Wengen, les choses ne s’améliorent qu’un petit peu. Après une première manche dans la retenue, le skieur de Val d’Isère termine 8e du slalom. 30 points de pris certes, mais bien loin du ski et des performances attendues de la part du champion français.

Une semaine plus tard, à Kitzbühel, Clément Noël signe le deuxième chrono de la première manche. On se dit qu’enfin la mauvaise série va s’arrêter, mais il commet une faute sur le second tracé. 15e place à l’arrivée et à nouveau, une grosse désillusion.

Le dernier slalom avant celui des Jeux Olympiques de Pékin est programmé en nocturne à Schladming. Clément va y passer une mauvaise soirée. Il n’arrive pas à se livrer et à skier vite, notamment en seconde manche. Plus que décevante, sa 9e place est inquiétante dans la perspective du grand rendez-vous de Pékin.

Fin du premier épisode avec un bilan décevant : une sixième place au classement de la discipline, une série impressionnante de revers et une confiance qui s’est évaporée au fil des courses durant ce mois de janvier.

Retrouver un autre état d’esprit

Après Schladming, Clément Noël prend une semaine de repos chez lui à la maison, ce qui lui fait le plus grand bien. Il rechausse ensuite les skis pour 3 jours d’entraînement en Italie juste avant de s’envoler pour la Chine. L’objectif pour le Vosgien est d’arriver aux Jeux Olympiques avec un état d’esprit différent par rapport à Schladming.

Quelques jours avant son grand rendez-vous avec le slalom olympique, Clément Noël apporte en conférence de presse ses explications sur sa mauvaise série : « Je pense que c’est beaucoup dans ma tête. Si j’étais capable de bien skier en début de saison, je pense que je suis toujours capable de le faire. Madonna n’était pas le tournant, c’était plutôt Adelboden. Je suis sorti en première manche et cela m’a fait douter un peu ». Clément explique aussi qu’il n’a pas réussi à se libérer complétement à Wengen, une course qu’il apprécie beaucoup. Et qu’ensuite, il a essayé des nouvelles choses mais à chaque fois, pour des raisons différentes, ses courses n’ont pas été bonnes.

En résumé, au mois de janvier, le Vosgien se sentait moins en confiance, faisait plus d’erreurs, et donc était moins rapide sur ses skis.

Beaucoup de prétendants pour l’or olympique

Clément Noël arrive à Pékin avec la volonté de changer la donne. Il sait qu’une course aux Jeux Olympiques est complétement différente. Tout est remis à zéro. « Ce qui est important, c’est sentir une grosse confiance en soi pour y aller relâcher. La bonne manière d’aborder l’événement, c’est surtout ne pas avoir peur de l’échec », précise Clément Noël.

Le slalom olympique se dispute le 16 février sur la piste « Ice River » à Yanqing. Il s’annonce très imprévisible. Depuis Val d’Isère, on assiste en effet à une saison un peu folle : il y a eu 6 slaloms et on a compté 6 vainqueurs différents ! Exit la hiérarchie, tout peut se passer dans cette danse entre les piquets.

Dans la cabane de départ, il y a donc beaucoup de prétendants à la médaille d’or : les Norvégiens Sebastian Foss-Solevaag et Henrik Kristoffersen, les Italiens Alex Vinatzer et Giuliano Razzoli, l’Autrichien Manuel Feller, le Suédois Kristoffer Jakobsen et… Clément Noël. « Je n’arrive pas en grand favori. Mon statut est différent, la pression est un peu différente. J’ai appris au fur et à mesure des années à gérer tout cela », indique Clément Noël.

Le jour de gloire est arrivé

A l’entraînement, les premières impressions de Clément sur la neige chinoise sont plutôt bonnes. En arrivant à Yanqing, le skieur de Val d’Isère avait un peu peur que la neige ressemble à celle de Corée qu’il n’avait pas vraiment apprécié 4 ans plus tôt. Ces entraînements rassurent Clément et lui permettent de vérifier qu’il va vite sur les skis.

Le grand spectacle du slalom peut démarrer. Le tracé de la première manche est facile, la neige très dure et compacte et la température fraiche (-15° avec un ressenti de -20° !). La séquence « Un slalom imprévisible » va se poursuivre…

L’Autrichien Johannes Strolz, dossard 19, crée la surprise en signant le meilleur temps. Kristoffersen suit à 2 centièmes, Foss-Solevaag à 6 centiémes, Linus Strasser à 30 centièmes et Clément Noël à 38 centièmes. Les huit premiers se tiennent en 45 centièmes !

Clément Noël est sixième de la première manche du slalom olympique à 38 centièmes
du leader autrichien Johannes Strolz – Copyright photo CNOSF/KMSP

Le tracé de la deuxième manche est beaucoup plus sélectif avec des doubles, des triples, des virages variés qui vont sans doute piéger bon nombre de concurrents. Clément Noël retrouve son meilleur niveau. Il maîtrise parfaitement les passages techniques au milieu du tracé, puis se joue du mur final avec une facilité déconcertante. A l’arrivée, le chrono affiche 86 centièmes d’avance.

Personne n’arrivera à approcher le skieur de Val d’Isère. Strolz finit deuxième à 61 centièmes et Foss-Solevaag troisième à 70 centièmes. « J’ai eu l’impression qu’il pouvait profiter de la vitesse plus élevée dans la deuxième manche et que cela correspondait mieux à son ski. Sa section médiane est incroyable et presque personne n’a pu le suivre », explique André Myhrer, champion olympique de slalom à Pyeonchang en 2018 et consultant Eurosport/Discovery.

Une deuxième manche exceptionnelle permet à Clément Noël de remporter la médaille d’or en slalom – Copyright photo CNOSF/KMSP

« Je ne réalise pas trop encore. Je suis à la fois hyper soulagé d’avoir terminé cette journée qui est tout de même éprouvante. Je suis hyper heureux d’avoir gagné. Je suis aussi ému et touché quand je pense aux gens en France qui me soutiennent, à ma famille et tout ça m’émeut et donc ce n’est pas facile de parler », a commenté Clément Noël.

54 ans après Jean-Claude Killy à Grenoble et 20 ans après Jean-Pierre Vidal à Salt Lake City, un Français est à nouveau champion olympique de slalom. Clément Noël vient d’apporter une quatrième médaille d’or à la délégation française.

Et maintenant ?

Moins d’une semaine après la clôture des JO de Pékin, Clément Noël a retrouvé très vite le circuit Coupe du monde avec deux slaloms à disputer à Garmisch-Partenkirchen.

Dans le premier couru le samedi 26 janvier, Clément Noël marque aucun point. Une faute le contraint à l’abandon en seconde manche. Changement de partition le dimanche 27 janvier avec une nouvelle opportunité pour briller sous le soleil de Bavière. La musique hélas va rester la même : Clément part à nouveau à la faute et encore plus vite que la veille. Abandon après une dizaine de portes seulement !

Ce double zéro réduit à néant les chances de Clément Noël de remporter le petit globe de cristal en slalom. Il pointe en effet à la 13e place du classement avant les deux dernières courses de la saison. Souhaitons au champion de se refaire plaisir à Flachau en Autriche et aux Finales de CourchevelMéribel pour oublier cette saison ratée en Coupe du monde.

Restons sur une note positive avec cette belle médaille d’or olympique qui a été célébré très rapidement par les jeunes du Club des Sports de Val d‘Isère. Sur la Face de Bellevarde, là même où Clément a remporté son premier slalom de la saison.

 


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