Les entreprises liées à l’économie des stations n’ont toujours pas de certitude quant à leur éligibilité aux mesures d’urgence. La visite d’Alain Griset, ministre délégué aux PME en Savoie le 4 mars dernier, n’aura pas suffi à lever les craintes de l’Afmont et du Cluster Montagne.

Elles n’ont pas non plus reçu de garantie sur la prise en compte de la temporalité spécifique à leur activité – différente de celle des domaines skiables. La reprise pour elles devra attendre la fin de la prochaine saison au printemps 2022.

D’ici là, des fleurons de notre industrie alpine vont disparaitre.

Des prévisions de baisse de chiffre d’affaires pour les entreprises de la montagne

En 2021, 65 % des entreprises de l’aménagement de la montagne envisagent une baisse de CA de plus de 50 % et 25 % prévoient même une baisse supérieure à 70 %. Le recours au chômage partiel est massif (plus de 50 % des entreprises), des licenciements sont déjà une réalité et de nombreux autres sont annoncés.

C’est toute une filière industrielle française reconnue au niveau mondial qui est en péril aujourd’hui.

Image : canon à neige sur la station de Métabief

Malgré les appels au secours, les difficultés des entreprises de l’aménagement en montagne n’ont été reconnues que très partiellement. Ces sociétés ont développé depuis des décennies des savoir-faire très spécifiques liés à la montagne. Elles peinent aujourd’hui à faire reconnaître leur dépendance totale au secteur des domaines skiables.

Dans un courrier récemment adressé au premier ministre Jean Castex, le Cluster Montagne et l’Afmont réclament avec insistance que toutes les catégories de fournisseurs dont l’activité est directement liée aux domaines skiables – fabricants, prestataires, distributeurs – rejoignent le dispositif d’aides annoncé le 1er février 2021. Il est demandé que ces entreprises liées à la montagne puissent bénéficier du nouvel étage «coûts fixes» du fonds de solidarité, destiné à garantir la couverture de 70% des charges fixes.

Un effet domino qui devrait s’étendre sur plusieurs années

Ils alertent également le gouvernement sur le fait que les difficultés de la filière ne font que commencer. Les domaines skiables – ouverts 4 à 5 mois l’hiver – génèrent l’activité économique chez ces fournisseurs pour toute l’année qui suit.

Avec le peu d’investissements envisagés dans les mois qui viennent, la reprise ne sera donc pas attendue avant le printemps 2022 pour ces entreprises.

Image : remontees-mecaniques.net

Une véritable catastrophe en perspective sur le plan économique, sur l’emploi et les capacités industrielles de la filière ! Les conséquences seront lourdes et durables pour tout l’écosystème du secteur. On pense en premier lieu aux territoires de montagne, impactés par la perte de savoir-faire en matière d’aménagement. Mais on oublie souvent les entreprises liées à la montagne et situées en plaine avec des disparitions d’entreprises. Il est donc indispensable de prolonger les différents dispositifs dans le temps et de les décorréler des périodes de fermetures administratives.

Enfin, les deux associations demandent à ce que le futur plan de relance de la montagne incite massivement et sans restriction les investissements sur les domaines skiables : leur compétitivité par rapport aux stations européennes reste le moteur de la durabilité et de la diversification, et donc d’un tourisme de montagne pérenne qui garantira le maintien de savoir-faire spécifiques, la préservation de l’emploi sur les territoires et la survie économique de toute la filière