Où en est-on de l’ouverture des stations de ski ? Après une semaine de cacophonie gouvernementale sur le sort réservé aux stations de ski, l’annonce du Premier Ministre Jean Castex le 17 novembre dernier a fait l’effet d’une douche froide chez tous les exploitants de remontées mécaniques de France. Le gouvernement a effectivement annoncé que les remontées mécaniques ne pourraient pas ouvrir pour les vacances de Noël.

Mais c’était sans compter sur la détermination et le bon sens montagnard ! Les professionnels de la montagne, regroupés au sein de leur chambre syndicale et de leur association de promotion, ont tout de suite relevé la tête et argumenté avec pragmatisme leur position.

Suite à une nouvelle réunion ce lundi 30 novembre réunissant le Premier Ministre Jean Castex et les acteurs de la montagne, ces derniers ont réaffirmé leur volonté de poursuivre la mobilisation en faveur de l’ouverture des remontées mécaniques dans les stations de montagne.

saint gervais
Image : remontée mécanique de Saint Gervais

De son côté, le Gouvernement s’est laissé jusqu’au 11 décembre pour définir la date d’ouverture des stations. « On en saura plus avant le 15 décembre, lors du point sur le déconfinement. Nous travaillons à approfondir les conditions de cette réouverture. Début janvier, mi-janvier ou fin janvier, les opérateurs eux-mêmes ont des appréciations différentes », a annoncé Jean-Baptise Lemoyne, secrétaire d’État au Tourisme lors de sa conférence de presse du lundi 30 novembre. « Nous travaillons depuis plusieurs semaines à la préparation de la saison d’hiver avec les acteurs de la montagne […]. Après celles du lundi 23 novembre et celle d’aujourd’hui, une nouvelle grande réunion est prévue par Matignon le 11 décembre ».

 

Les stations de ski se battent pour remonter la pente et définir une date d’ouverture

Dans un communiqué de presse diffusé en milieu de journée, Alexandre Maulin, Président de Domaines Skiables de France et Jean-Luc Boch, Président de France Montagne et de l’Association Nationale des Maires de Stations de Montagne, indiquent : « La discussion de ce matin n’a laissé aucune place à la négociation concernant nos revendications ».

Nous ne lâcherons rien. L’enjeu est trop important pour nos 250 stations françaises ».

« 18.000 emplois et 120.000 emplois indirects sont en péril, des milliers de personnes et de familles menacées de précarité. La mobilisation va se poursuivre dans les jours à venir, avec en point d’orgue des actions prévues jeudi 3 décembre à Paris et dans de nombreuses stations.
Nous sommes prêts à respecter les contraintes sanitaires les plus strictes pour accueillir les vacanciers. Nous demandons au Président de la République de se laisser encore le temps de la réflexion et de réévaluer la situation à la mi-décembre, au regard de l’évolution sanitaire ».

Des stations très remontées contre la décision gouvernementale – Appel à la mobilisation

Depuis l’annonce de Jean Castex, on assiste à un véritable effet « Boule de neige ». Les professionnels, les acteurs économiques mais aussi les élus se mobilisent pour faire entendre la voix de la montagne auprès des plus hautes sphères de l’Etat. Mais après l’effet « Boule de neige », y aura t’il un « effet écho » et une réponse cohérente de l’Etat ? A l’image de l’Alpe d’Huez ce lundi 30 novembre, les professionnels se rassemblent pour réclamer une révision de cette décision gouvernementale.

Ouverture des stations : une lueur d’espoir

« Le décret de mise à l’arrêt des remontées mécaniques n’est pas encore sorti. Tant qu’il n’est pas sorti, il reste de l’espoir. C’est un coup dur pour les exploitants mais aussi les collectivités locales qui sont mises à genou avec des pertes considérables concernant les redevance ou la collecte de la taxe de séjour. Cela aura des conséquences graves pour l’investissement qui risque d’être à l’arrêt pour plusieurs années. De nombreuses entreprises travaillent sur les territoires de montagne et ce sont des chaînes d’emplois qui sont menacées », nous indique Anne Marty, vice-présidente des Domaines Skiables de France et Directrice déléguée du groupe Altiservice.

« Nous ne comprenons pas cette décision, et nous en faisons les frais »

Image : Val d’Isère – station village

« Cette décision détruit des territoires qui vivent principalement du ski. La montagne est un écosystème dans lequel les acteurs parviennent à combiner plusieurs activités professionnelles, et notamment liées à l’exploitation des remontées mécaniques. Lorsque l’on voit les files d’attente devant certaines grandes enseignes, comment peut-il y avoir plus de risques sur une remontée mécanique en plein air. Il ne fait pas confondre remontées mécaniques et après-ski. En France, les bars et restaurants sont fermés. Le syndrome Ischl ne peut pas se produire en France, et il ne s’était d’ailleurs pas produit l’hiver dernier », poursuit Anne Marty.

 

Et l’Europe dans tout ça ?

« Il n’y a aucune cohérence au niveau européen. Cette décision ne tient pas la route, elle est ubuesque. Les stations de ski suisses, autrichiennes, espagnoles et andorranes annoncent leur ouverture », poursuit Anne Marty. « Nous disposons aujourd’hui de protocoles sanitaires exigeants pour pouvoir ouvrir nos stations. Les stations espagnoles, andorranes, suisses et autrichiennes ont raison d’ouvrir dès qu’elles le peuvent. Nous aussi, nous voulons ouvrir comme elles. Sinon, ce sera une double sanction pour nous », précise Anne Marty.

Image : station de ski de Baqueira Beret

« Nos collègues andorrans prévoient d’ouvrir lorsque les conditions d’enneigement le permettront. Ils font partie de la chambre syndicale des Domaines Skiables de France, et nous les soutiendrons dans leurs actions pour une ouverture dans les meilleures conditions », précise Anne Marty dans le cadre de sa fonction de vice-présidente des Domaines Skiables de France.

« Dans le cadre de notre gestion de la station de Font Romeu par le groupe Altiservice, nous sommes très proches des stations espagnoles. Ce sont nos confrères et nous souhaitons pouvoir travailler comme eux », conclut Anne Marty.

A l’heure actuelle, l’Autriche affirme son intention d’ouvrir ces installations de remontées mécaniques, malgré les recommandations de plus en plus pressantes de l’Allemagne. De l’autre côté des Pyrénées, le gouvernement espagnol devrait décider officiellement de l’ouverture ou non des stations de ski le 03 décembre prochain.


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