Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’état auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, en charge du tourisme, était présent ce vendredi 02 octobre à l’occasion du Congrès annuel des Domaines skiables de France. Il y a rappelé son soutien à la « famille de la montagne », et abordé de nombreuses préoccupations du secteur : baisse de fréquentation, classes de neige, Brexit… Retour en détail sur un discours fort de sens et très attendu par l’ensemble de la montagne française.

 

Jean-Baptiste Lemoyne à Grenoble : une présence haute en symbole

Durement frappé par la crise sanitaire du covid19, le tourisme et plus particulièrement l’évènementiel, a subi une importante chute d’activité. Le ministre y revient en détail et précise :

« Nous sommes tous frappés par ce qui s’est passé ces derniers mois. L’industrie du tourisme a subi une véritable avalanche. Il y a quelques mois, nous réfléchissions comment gérer le sur-tourisme. Aujourd’hui, hélas, nous faisons face au danger du sous-tourisme avec des conséquences fortes sur des dizaines, des centaines de familles qui vivent de l’économie touristique. Baisse de fréquentation, fermeture d’établissements (…)

Discours de Jean-Baptiste Lemoyne lors du Congrès DSF – Grenoble – 02 octobre 2020

En conservant l’organisation de cet évènement à Grenoble (Congrès National des Domaines Skiables de France), c’est un message fort qui est envoyé : la vie triomphe sur le virus. L’évènementiel souffre énormément, et c’est un très beau symbole. La filière tourisme a besoin de ce type de témoignage, et de montrer que l’on ne se laisse pas abattre ».

 

La montagne, une valeur « refuge » dans un contexte souvent incertain

Alors que de nombreuses destinations touristiques françaises ont souffert de cette crise sanitaire, la montagne a souvent été prisée par les touristes durant la période estivale.

« Au milieu de cette avalanche, la montagne fait un peu office de refuge aujourd’hui. Le secteur (de la montagne) a connu une saison d’été encourageante, elle a su tirer son épingle du jeu. Les résultats positifs ont vraiment été au rendez-vous avec des hausses de fréquentation estivale importantes jusqu’à +8% sur l’ensemble des massifs. Les stations de basse et moyenne altitude ont été particulièrement plébiscitées et je crois que ce succès de la montagne met en avant les aspirations des français à retrouver de grands espaces naturels et authentiques ».

« Il y a des tendances lourdes qui sont à l’oeuvre et la crise accélère ces tendances. Cela démontre notamment que la montagne est un élément d’attractivité pour la destination France, en hiver et en été. »

« Cet été bleu blanc rouge a été réussi car il y a eu un véritable travail partenarial avec Atout France et France Montagnes. La campagne télévisée « La montagne naturellement » conduite par France Montagnes donne encore des frissons quand on la regarde, il y a des paysages fantastiques. On y voit tout ce que la montagne véhicule. Cette campagne n’y est pas pour rien dans le succès de cette saison ».

 

Le tourisme : une priorité de l’Etat

Jean-Baptiste Lemoyne a été l’un des moteurs dans la gestion de la crise. Il a notamment instauré une réunion hebdomadaire au sein de la filière tourisme pour co-construire les nouvelles politiques touristiques. Il revient sur la gestion de cette crise sanitaire et rappelle le devoir de l’Etat d’aider les acteurs à résister, et préparer le rebond.

« Le Président de la République a eu à cœur que le tourisme soit une priorité nationale. Le 14 mai, un grand plan de soutien et d’investissement était mis sur la table avec un prêt de 9 milliards d’euros garanti par l’état pour le secteur du tourisme. Un fonds de solidarité a également profité à certains acteurs du secteur, sans oublier les exonérations de charges et l’activité partielle. (…) Je me bats depuis le mois de juillet pour prolonger l’activité partielle à 100% jusqu’au 31 décembre. Nous avons remporté cette victoire il y a 2 jours ».

Nous n’avons pas compté car quand il y a le feu, on ne va pas rationner les litres d’eau. C’était nécessaire et nous serons présents autant qu’il le faut.

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Image: station ski meribel – Wikipedia

  

Préparer le rebond et bâtir le tourisme de demain

« Au sein du comité de filière, nous sommes en train de bâtir le tourisme de demain. Nous sommes aujourd’hui dans l’urgence, le soutien, la sauvegarde mais il faut avoir un œil sur la longue vue. Nous avons besoin de se dire que quand nous allons sortir de ce moment très compliqué, nous allons maintenir cette place de numéro 1 sur le podium du tourisme.

Cela veut dire se réinventer, car la concurrence des destinations touristiques (qui existait déjà) sera plus féroce. Tout le monde va se positionner en prix pour relancer la machine et cela veut dire que nous devons également être très présents pour repenser nos modèles ».

« Il y a certainement un momentum : aujourd’hui il y a moins de touristes étrangers parce que les mobilités sont un peu entravées. Mais c’est aussi l’occasion de faire prendre conscience à nos compatriotes que la destination France est formidable. On peut faire le tour du monde en faisant le tour de France. En matière de montagne, on savait qu’il y avait une érosion de la clientèle française. Et bien, c’est peut-être le moment de donner un petit coup de fouet pour que ces clientèles reviennent et restent chez nous ».

 

Baisse de fréquentation, classes de neige, Brexit… Un hiver 2020.2021 préoccupant pour Jean-Baptiste Lemoyne

« Nous allons rester très mobilisés pour que la saison d’hiver se déroule le moins mal possible. Nous sommes tous conscients que nous allons enregistrer des baisses de -10, -15%… »

« Aujourd’hui nous assistons à une multiplication des annulations [des classes de neige]. Avec Jean Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale, nous voulons envoyer des signaux très forts. Mais je déplore que parfois dans les services de l’Etat, des messages contradictoires soient encore diffusés. C’est tout un écosystème qui peut être déstabilisé. Je sais combien il est important d’initier nos jeunes à la montagne, à la neige car c’est cela qui fait les skieurs de demain. C’est parce que vous avez des souvenirs, des moments… que vous êtes amenés à revenir en montagne ».

« Je n’oublie pas l’autre sujet épineux avec nos voisins du Royaume Uni. La clientèle anglaise est très importante en montagne. Il y a un sujet de mobilité avec des décisions prises par les autorités britanniques sur lesquelles nous continuons à peser pour obtenir un raccourcissement, une abrogation.

Sans oublier le Brexit. Nous devons gérer des négociations un peu ardues mais nous ne perdons pas de vue combien ce marché est important. Nous allons continuer à y être présent et essayer de surmonter au mieux ces relations un peu complexes avec le Royaume Uni ».

 

Diversification – Désaisonnaliser – Durabilité. Les 3D du tourisme de demain

 

Quelques minutes après l’annonce par Alexandre Maulin, Président de DSF, d’une liste de 16 éco-engagements pris par la montagne française, et notamment la neutralité carbone d’ici 2037, le ministre Jean-Baptiste Lemoyne reágit :

«Aujourd’hui, la montagne prépare l’avenir. Nous parlons déjà de 2037, de relance verte, de montagne vertueuse. Tous ces éco-engagements, ces mesures… c’est du concret. La dameuse à hydrogène, c’est de l’innovation. Réaliser ce bilan carbone, c’est important. Vous êtes pionniers de ce point de vue là. Nous allons d’ailleurs nous y astreindre pour mesurer l’impact du tourisme tricolore afin de fixer des cibles et le baisser.

Le développement durable sera le fil d’Ariane des prochaines années. On peut résumer cela à 3D : Diversification, Désaisonnaliser et Durabilité. Ces 3D doivent nous guider. Je prends au mot mes collègues du gouvernement au niveau du ferroviaire. Trop souvent, des lignes ont été supprimées au moment où l’on vante le ferroviaire comme un moyen de déplacement propre. Comptez sur moi pour, auprès de mon collègue des transports et de la compagnie nationale, rétablir les trains de nuit. Notre Président est attaché à cela et nous devons maintenir ces maillons si importants qui facilitent le transport jusqu’aux stations ».

« Je veux être résolument optimiste. Je vois plein d’innovation, beaucoup d’idées qui montrent que ça bouge, ça ose. Nous avons beaucoup de choses à construire ensemble. Nous allons rebondir ».