Des éco-engagements forts en faveur de l’environnement ont été pris par les exploitants de domaines skiables français, rassemblés au sein de leur syndicat professionnel les 1 er 2 octobre à Grenoble à l’occasion de leur congrès national. L’un des éco-engagements certainement les plus ambitieux, sera d’atteindre la neutralité carbone des domaines skiables dès 2037, avec zéro émission de CO2.
NON au Montagne Bashing
Souvent malmenée par les médias, la montagne française, au travers de ses domaines skiables, n’avait pas souhaitée jusqu’alors prendre la parole sur la thématique du respect de l’environnement. Mais qui dit ne pas communiquer ne signifie pas ne pas agir. De nombreuses stations mettaient en place une série d’actions pour protéger la montagne, préserver la biodiversité, gérer la ressource en eau… sans toutefois le faire savoir. Les domaines skiables ont donc souhaité harmoniser une série de bonnes pratiques pour agir collectivement en faveur de la montagne. Après un travail dans l’ombre de près de 2 ans, en collaboration avec des organisations non gouvernementales et des élus, les domaines skiables français, au travers de leur président Alex Maulin, ont dévoilé ce vendredi 02 octobre une série d’éco-engagements.
Des éco-engagements mesurables et évaluables afin de « ne pas tomber dans le Green Washing », précise Alex Maulin lors de l’annonce de ces mesures devant le secrétaire d’Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.
Une feuille de route environnementale mise en œuvre par la totalité des entreprises de la branche
Avec près de 238 membres (opérateurs de remontées mécaniques ou de domaines skiables), la tâche n’était pas facile mais l’enjeu était de taille. L’objectif de cette démarche était de faire adhérer l’ensemble de la profession à une série de bonnes pratiques environnementales. Et c’est chose faite !
L’ensemble des gestionnaires de domaines skiables se sont mis d’accord, qu’il s’agisse « du plus petit qui enregistre un chiffre d’affaires de 50.000 euros/an comme du plus grand dont le chiffre d’affaires atteint les 70 millions d’euros », indique Alex Maulin.
« Nous ne souhaitons pas que ces éco-engagements soient juridiquement opposables. L’ensemble de nos membres a adhéré à la démarche, et nous avons pris des engagements qui sont mesurables. Nous allons mettre en place des outils pour faciliter cette mise en œuvre dans l’ensemble des stations membres », précise Alex Maulin.

Détail des 16 éco-engagements répartis en 5 thématiques
Éco-engagements : la neutralité carbone d’ici 2037
95 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) des domaines skiables sont liées à l’usage des engins de damage fonctionnant au gasoil. Les remontées mécaniques sont quant à elles décarbonées car fonctionnant à l’électricité. Les domaines skiables recherchent donc un nouveau modèle énergétique pour les engins de damage. Après concertation avec les constructeurs et des scientifiques, l’hydrogène s’est imposé comme la seule option répondant aux conditions extrêmes d’utilisation. Des prototypes seront dévoilés d’ici 3 à 5 ans.
Cette solution implique qu’avec les élus des territoires de montagne, soient développés dans les vallées, des sites de production et des systèmes de distribution d’hydrogène vert qui serviront aussi aux transports publics et aux camions.
– Pour mesurer les progrès de ce plan, tous les domaines skiables vont se doter d’ici à 3 ans d’un bilan carbone.
– Sous 5 ans, tous les domaines skiables auront formé à l’écoconduite leurs conducteurs d’engins de damage.
– Une démarche qui permettra d’abaisser de 5 à 10% la consommation de gasoil et les émissions carbone, sans attendre la technologie hydrogène.
– Les domaines skiables entendent également développer la sobriété énergétique y compris en matière d’électricité. Sous 2 ans, tous les conducteurs de télésièges, télécabines, téléphériques auront été formés à l’écoconduite
– Cette démarche permettra d’abaisser les consommations électriques de 10 à 20%.
– Enfin, une utilisation raisonnée des remontées mécaniques sera généralisée : en dehors des périodes de forte activité, les remontées mécaniques redondantes seront fermées dès lors que cela n’impacte pas le nombre de pistes ouvertes.
Éco-engagements : la fin des stations de ski fantômes
Parmi les 16 éco-engagements des domaines skiables français, un sujet très médiatique sera traité. Celui des stations fantômes et plus concrètement des remontées mécaniques obsolètes. « Nous ne savons pas exactement le nombre d’ouvrages obsolètes en France, mais il doit y en avoir quelques dizaines. Nous allons procéder à leur recensement précis », indique Laurent Reynaud, Délégué Général de DSF.
« Une fois recensées, nous allons procéder au démontage de ces friches industrielles sous forme de corvée », précise Alex Maulin.
Éco-engagements : la protection de la biodiversité au travers de la protection du Tétra Lyres et du Grand Tétras
Les grands oiseaux sont des espèces évoluant dans les massifs montagneux et souvent sensibles à l’activité humaine. Le Tétras Lyre est présent dans les Alpes alors que le Grand Tétra est quant à lui présent dans les Pyrénées. Communément appelées « Coq de bruyère », ces espèces sont dotées d’une faible vue, et se blessent parfois avec les câbles des remontées mécaniques.
Pour y remédier, les domaines skiables s’engagent en 5 ans à équiper l’ensemble de leurs remontées mécaniques de repères visuels afin d’éviter d’éventuelles collisions.

On ne peut que se réjouir de cette initiative environnementale, même s’il ne faut pas oublier que les stations de montagne sont des écosystèmes beaucoup plus complexes, et qui vont bien au delà des domaines skiables. De nombreuses activités gravitent autour : les hébergements, la restauration, les écoles de ski, les locations de matériel, le transport… Leur impact sur l’environnement peut parfois être largement supérieur à celui des domaines skiables. Le transport est certainement l’un des sujets de demain pour réduire l’empreinte carbone globale du tourisme des sports d’hiver.
La feuille de route environnementale présentée à Grenoble par les domaines skiables de France est un grand pas en avant en matière de climat et d’émissions de gaz à effet de serre. Pourra t’elle servir de moteur pour les autres activités constituant la destination touristique dans son ensemble ? On ne peut que le souhaiter.