Crise du Covid 19 en Argentine : de la neige mais pas de touristes. Dans l’hémisphère Sud, en Argentine, le mois de juin est généralement synonyme de préparatifs au ski. En Patagonie, et plus précisément à San Carlos de Bariloche, les commerçants ont l’habitude de s’affairer pour recevoir au mieux les touristes venus des quatre coins de l’Argentine, mais aussi des pays sud-américains voisins, des Etats-Unis et d’Europe.
Les montagnes enneigées attendent désespérément les skieurs
Au pied de la cordillère andine, la ville argentine de Bariloche est recouverte d’un épais manteau blanc. Mais l’avalanche de touristes du mois de juillet n’aura pas lieu cet hiver pour cause de pandémie de covid-19.
« Nous sommes fermés, sans aucune activité, et nous travaillons uniquement à la promotion »
, regrette Belén García Bertone, 36 ans, troisième génération d’hôteliers et présidente de l’Association Touristique de Bariloche à nos confrères de La Nación.
Situé au coeur du Parc National Nahiel Huapi, au milieu des lacs et montagnes, à 1800 kilomètres au sud-ouest de Buenos Aires, la ville de San Carlos de Bariloche est la quatrième destination touristique du pays la plus visitée par des touristes étrangers. Brésiliens et uruguayens sont également de fervents amateurs de ce petit paradis patagonien.

Le début d’année 2020 avait tout d’un très bon cru. La saison touristique s’annonçait très bonne. En juillet 2019, San Carlos de Bariloche avait reçu 112.000 touristes, dont 15.000 avaient été acheminés directement par les airs depuis le Brésil. Les taux de remplissage avaient été particulièrement satisfaisants dans les 30.000 lits touristiques dont dispose la ville.
« La ville est magnifique. Nous avons eu d’importantes chutes de neige, et la saison d’hiver va commencer mais nous avons une ville sans touristes. Mêmes les locaux ne sortent pas »
, s’attriste José Lepio. 46 ans, propriétaire d’un restaurant au coeur de Cerro Catedral.
Covid-19 Argentine – Même scénario sur les hauteurs de Cerro Catedral
A tout juste 20 kilomètres du centre de Bariloche, se trouve la station de ski de Cerro Catedral. Elle offre 120 kilomètres de pistes réparties sur 600 hectares. A cette époque de l’année, les préparatifs vont bon train. Mais aujourd’hui, tout est à l’arrêt. Seule la montagne a pris sa couleur blanche d’hiver.
« Cela fait 22 ans que nous gérons l’école de ski et c’est la toute première fois que nous n’avons pas de touristes ».
« Nous avons déjà vécu beaucoup de situations difficiles : cendres des volcans, grippe A, hantavirus mais cela est impensable »
, déclare Nestor López Dávalos, Président de l’Association des Entreprises de Cerro Catedral.

Selon Nestor López Dávalos, il faudrait entre 7000 et 8000 visiteurs par jour pour que le tissu économique fonctionne correctement. « Sans touristes, nous ne savons pas ce que nous allons faire. Beaucoup de gens vont se retrouver sans emploi ».
Le tourisme, une activité vitale
La région de Bariloche compte 140.000 habitants et le tourisme emploie près de 15.000 personnes de manière directe et génère 34.000 postes de travail de manière indirecte, selon l’Institut du Tourisme. Cet hiver, les pertes envisagées suite à la crise du covid-19 en Argentine avoisineraient les 3.600 millions de pesos argentins, soit 48 millions de dollars, uniquement sur le mois de juillet, généralement le meilleur mois de l’année.
La perte cumulée sur le trimestre avril-juin serait de 3.000 millions de pesos, soit près de 40 millions de dollars. Une perte importante sur une période de basse saison qui avait été particulièrement prisée en 2019, avec 65.000 visiteurs enregistrés.
Toujours selon Nestor López Dávalos, il faut remonter à 1978, et les conflits qui opposaient l’Argentine et son pays voisin le Chili pour retrouver une situation similaire sans touristes. A l’époque, la région de Bariloche comptait uniquement un tiers de la population actuelle.
Il y a moins longtemps, en 2011, l’aéroport international était resté fermé pour cause de cendres du volcan Puyehue, situé à 90 kilomètres de là. Une épidémie de hantavirus, une maladie endémique qui avait fait 11 morts, avait également fait fuir les touristes en 2018.

En 2009, la grippe A avait suspendu temporairement le tourisme étudiant et avait affecté considérablement l’économie de la région, fortement impliquée dans l’accueil des jeunes.
La cité andine de San Carlos de Bariloche reçoit annuellement entre 80.000 et 100.000 étudiants qui organisent des voyages de fin d’année universitaire et qui font vivre l’économie locale le temps d’un court séjour. Des pistes de ski aux pistes de danse, les étudiants participent au développement d’un tourisme sportif et nocturne.
Covid-19 : confinement décrété en Argentine depuis le 20 mars
Le confinement obligatoire a été décrété le 20 mars dans le pays. Les frontières ont été fermées et tous les vols commerciaux ont été suspendus. 8000 touristes ont dû être évacués depuis cette date. 100 jours après, il ne reste que quelques promeneurs téméraires…
« Nous sommes prêts à lancer la saison touristique, mais nous sommes face à une situation incertaine. Nous ne savons pas quel protocole nous allons devoir suivre, ni si l’activité va enfin débuter cette saison, indique José Lepio.
« L’hiver débute et nous nous voyons bientôt », indique le site web touristique de Bariloche qui se force, malgré la crise du covid-19, à proposer une visite virtuelle avec des photos et des images spectaculaires de cette magnifique région argentine de la cordillère andine de Patagonie.
Source : La Nación
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