Les domaines skiables français se sont réunis à Besançon, les 1 et 2 octobre derniers, à l’occasion de leur Congrès annuel 2019. Travail collectif, partage d’expérience, échanges étaient au programme de ces rencontres très attendues par la profession.
Un Congrès au pied des montagnes du Jura
C’est au pays de l’horlogerie française, et au pied des montagnes du Jura que les Domaines Skiables Français (DSF) se sont réunis pour organiser leur traditionnel Congrès National. Plus de 800 participants s’étaient donnés rendez-vous pour partager et échanger sur des travaux collectifs, et engager des réflexions sur l’avenir. Tarification dynamique, cyber attaques, nouveaux modèles de gouvernance, frilosité des banques pour financer de nouveaux investissements, sécurité au travail, changement climatique… étaient au cœur des débats de ce congrès. Une volonté commune d’avancer, de « construire durable », et de « retrouver du bon sens« , face aux couches administratives qui se superposent sur les projets d’aménagement et de développement de la montagne française.
La commercialisation des lits touristiques
Parmi les grandes préoccupations des domaines skiables, Alexandre Maulin, Président de Domaines Skiables de France, a indiqué que « l’enjeu des lits est un enjeu primordial pour les stations ». Grâce à la présence de lits chauds, les stations parviennent à commercialiser plus facilement leur destination et maintenir des taux de remplissage satisfaisants. A l’inverse, les stations qui disposent de lits froids souvent inoccupés ou partiellement occupés par des propriétaires privés se retrouvent face à plus des difficultés. « Nous perdons 30.000 lits marchands par an (…). Nous devons arrêter de vendre à des propriétaires individuels », précise Alexandre Maulin. Une nécessité pour les domaines skiables de travailler à la construction de lits durablement chauds. Parmi les solutions évoquées : une remodélisation de la propriété, comme a pu le faire le groupe Accor, en séparant la construction de l’exploitation.
La tarification dynamique dans les domaines skiables français
La fréquentation et le prix moyen des forfaits font partie des préoccupations majeures des domaines skiables français. La tarification dynamique est une pratique qui devient aujourd’hui une habitude de consommation pour tous ceux qui recherchent le bon plan et le meilleur prix. Mais il s’agit d’une pratique encore très peu développée dans le secteur de la montagne. Pourquoi ? Souvent par crainte de dégrader le prix, par méconnaissance du mécanisme, mais aussi du fait des modes de gestion de certaines stations. Les procédures de validation des tarifs ne favorisent pas aujourd’hui l’évolution du prix en fonction de la période (tarifs fixés et validés en amont).
Yves Dimier, Directeur de la station de ski de Val Cenis, et Président de la Commission Economie-Promotion à DSF, a partagé son expérience en tant que première station française à avoir lancé ce concept de tarification dynamique. « Je n’ai eu aucun souci à le faire valider, c’est actuellement dans les mœurs, les clients passent du temps à chercher des bons plans (…). Les résultats obtenus sont bien au delà de nos espérances », a t’il déclaré.
Christian Wyrch, Responsable des ventes pour la station suisse d’Arosa Lenzerheide, témoigne également sur cette pratique tarifaire qu’ils ont instauré depuis la saison 2017-2018 sur leur station. « Les clients ont très bien réagi à cette dynamique. Le prix moyen n’a pas changé mais la fréquentation si ! ».
Le Changement climatique et son impact sur les domaines skiables français
Changement climatique, développement durable, management de la neige. Des sujets très présents dans tous les médias, et sur lesquels l’opinion publique est très active, notamment sur les réseaux sociaux.
Pour la première fois, ces sujets ont été abordés de manière transparente et objective par les domaines skiables. Une table ronde portant sur la durabilité des pratiques était animée par Laurent Reynaud, Délégué Général DSF.
Un temps fort de ce Congrès aura sans aucun doute été l’intervention de Samuel Morin, Directeur du Centre d’Etude de la Neige à Météo France. Il a présenté un résumé du Rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), et notamment les conséquences en terme d’enneigement naturel sur les massifs. « Partout dans le monde où nous disposons de données, nous constatons une baisse de l’enneigement naturel (…)« .
« D’ici 2050, l’enneigement naturel moyen devrait baisser de 20 à 40%, essentiellement en moyenne montagne ».
Samuel Morin explique que d’ici 2050, « les jeux sont faits ». L’échéance de 2050 est cruciale car elle devrait être le reflet des actions menées dans les toutes prochaines années. « Si nous parvenons à réduite les gaz à effet de serre, nous stabiliserons le climat au niveau atteint en 2050. Si nous restons sur des pratiques similaires à celles d’aujourd’hui, nous assisterons à un accroissement des températures et à une diminution entre 50 et 90% de l’enneigement naturel ».
Photo : table ronde sur la « Durabilité des pratiques des domaines skiables ». 02 octobre 2019. Besançon
Intervention de Jean-Baptiste Lemoine en soutien à la montagne française
Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoine, avait fait le déplacement à Besançon pour afficher son soutien à la montagne française. Commercialisation des lits touristiques, calendrier des vacances scolaires, démarches administres sont quelques uns des sujets qui ont été soumis au secrétaire d’Etat.
Des sujets qui selon lui « sont essentiels pour la montagne française et qui doivent être essentiels pour le gouvernement ».
Un soutien clairement affiché à la montagne et aux domaines skiables français qui font partie de l’un des fleurons de l’économie touristique française. Les domaines skiables permettent le maintien et le développement de l’activité économique des vallées de montagne. « Si nous avons 90 millions de visiteurs nationaux en France, 56 milliards d’euros de retombées touristiques en France, c’est aussi parce que la montagne offre à la fois une saison hivernale avec la présence de nombreux européens qui viennent en France, mais aussi ce tourisme des 4 saisons vers lequel la montagne est en train de se diversifier et de monter en puissance ».
Photo : intervention de Jean-Baptiste Lemoine, à l’occasion du Congrès des Domaines Skiables de France. Besançon. 01 octobre 2019.
Photo principale : soirée de Gala du Congrès 2019 des Domaines Skiables de France