La station de ski de Lake Louise vient d’annoncer une réduction considérable de l’étendue de son domaine skiable, au profit de Parcs Canada. Une initiative exemplaire en terme de concertation et de conciliation qui positionne le développement durable au coeur de la stratégie de développement des domaines skiables canadiens.
La culture du ski dans la région de Lake Louise ne date pas d’hier. Depuis les années 1920, le ski fait partie intégrante du paysage et de la culture du lac Louise et du Canada. Aujourd’hui, le domaine skiable de Lake Louise est un terrain de jeu naturel au coeur de paysages totalement inédits.
En avril dernier, la station de ski Lake Louise, en Alberta, a lancé une consultation auprès du grand public au sujet d’un projet de rénovation de la station et du domaine skiable. Dans une ébauche préliminaire de 500 pages, la station propose un plan à long terme visant à renforcer la capacité à accueillir des visiteurs tout en minimisant leur impact sur l’environnement. Pour ce faire, la station de Lake Louise propose un plan réduisant considérablement son empreinte environnementale.
Le développement durable devenu une priorité collective
Les modifications proposées concernent les limites de la station : cette dernière abandonnerait la moitié de sa propriété, et 30% de son domaine skiable au profit de la faune locale (grizzlis, les carcajous et les chèvres de montagne entres autres).
Au delà de la protection de la faune, Lake Louise abrite de nombreuses espèces sauvages et plantes menacées par le réchauffement climatique, comme les pins à écorce blanche, dont on prévoit une diminution de 70% d’ici 2030.
L’engagement de la station porte sur la protection de ces pins à écorce blanche mais aussi une réduction importante des prélèvements d’eau dans la rivière Pipestone et le ruisseau Corral pendant les périodes de faible débit.
Les terres situées sur le versant Est de la station reviendraient sous le contrôle de Parcs Canada en tant que terres naturelles désignées en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Une superficie non négligeable, de 1000 hectares, approximativement égale à la taille de la ville de Banff.
Cette mesure sera mise en place sur une période de 5 à 15 ans et fait partie d’un plan de protection général des espèces sauvages : « Tout en offrant aux visiteurs une expérience enrichissante, les centres de ski bien gérés font de la protection de l’environnement une priorité et contribuent aux objectifs de conservation de Parcs Canada », lit-on dans le communiqué de Parcs Canada annonçant la nouvelle.
De nouveaux projets d’aménagement et de développement durable pour la station
En contrepartie, la station de ski de Lake Louise obtiendrait la permission de développer deux nouveaux pavillons d’accueil, de nouvelles pistes de ski, remontées mécaniques et d’autres services pour les visiteurs.
« On a l’occasion de faire des travaux majeurs pour améliorer le centre existant, et d’y incorporer des nouveautés qui resteraient à l’intérieur des nouvelles limites », souligne le directeur de la communication de la station de ski Lake Louise, Dan Markham.
La station de Lake Louise sera autorisée à utiliser l’hiver Hidden Bowl (une surface d’environ 179,6 hectares) et West Bowl (une surface d’environ 194,5 hectares) par le biais de permis d’occupation saisonnier. Bien qu’aucun développement ne soit prévu sur le secteur de West Bowl, celui-ci est actuellement skié. Il serait ajouté en tant que permis d’occupation à des fins de contrôle des avalanches et pour garantir une pratique plus sûre du freeride.
Concrètement, la réduction du terrain obligera la station à construire en hauteur plutôt qu’en largeur. En période estivale, les sentiers de randonnée seront relocalisés à une altitude plus élevée afin de maintenir un habitat adéquat pour les grizzlis.
L’accord entre la station de Lake Louise et Parcs Canada est une grande première dans l’industrie du ski canadienne et internationale. Une réduction de l’empreinte environnementales des activités liées aux sports d’hiver devrait permettre à la station de réaliser une croissance modeste mais équilibrée du nombre de visiteurs au cours des 10 à 15 prochaines années, en échange de gains environnementaux significatifs et d’un développement durable et harmonieux. Une initiative qui devrait faire, nous l’espérons, des émules dans tous les massifs montagneux de la planète.