Diplômée de Sciences Po Paris et de l’Ecole des Hautes Etudes à Sciences Sociales (Paris), Blandine Vernardet a été durant 9 ans Directrice Générale de la station de Piau Engaly, dans les Hautes-Pyrénées. De 2016 à 2018, elle a été Directrice des Ressources Humaines au Grand Tourmalet, et depuis 2019, elle est devenue Directrice Générale adjointe, et pressentie pour prendre la Direction Générale. En parallèle, elle a été chargée de mission au sein de N’PY (Nouvelles Pyrénées) pour conduire le lancement et le déploiement de Skylodge, une chaîne d’Hostels en station de montagne.

BLANDINE VERNARDET, POURQUOI Y A T’IL ENCORE SI PEU DE FEMMES À LA TÊTE DES STATIONS ?

 
Blandine Vernardet : Les domaines skiables restent encore un milieu très masculin tous métiers confondus. Les taux de féminisation sont très peu élevés, certainement du fait qu’historiquement, nous étions un secteur industriel plutôt qu’un secteur de services : depuis plusieurs années, la situation a évolué, nous sommes beaucoup plus tourner vers le client et le service.
A l’époque, lorsque j’ai commencé à travailler dans les stations de ski, il n’y  avait pratiquement que des directeurs de domaines skiables ingénieurs. Aujourd’hui les profils tendent à devenir plus généralistes et cela illustre un changement. Nous avons opéré une mutation entre métiers industriels et de services et cela commence à se ressentir dans la structure démographique de nos entreprises.

QUE PEUT-ON FAIRE POUR CHANGER CELA ?

 
Blandine Vernardet : Quand je vois le taux de féminisation sur la station de Piau, et celui du Grand Tourmalet, il y a un vrai écart. Le fait d’avoir une directrice à la tête d’un domaine skiable entraîne une féminisation des équipes. Petit à petit, au gré des saisons, on arrive à féminiser les postes.
L’une des difficultés principales tient au fait d’avoir des candidatures féminines, surtout sur des postes très techniques comme la maintenance des remontées mécaniques. Mais de manière générale, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de femmes dans les équipes : cela tient à la façon de faire son sourcing et son recrutement. Je pense que l’on peut faire évoluer les postes, et opérer un rééquilibrage des sexes.
Il y a en fait 2 écueils dans notre secteur :
 Les métiers qui existent dans les stations de ski ne sont pas hyper connus, et les jeunes n’y pensent pas forcément lorsqu’ils ne sont pas issus de ce milieu.
 Il faut montrer que les femmes ont leur place, que ce soit au travers de la profession, de groupements de femmes chefs d’entreprises, et faire savoir que ces postes sont dans le spectre du possible.

BLANDINE VERNARDET, QUELLE VALEUR AJOUTÉE PEUT APPORTER UNE FEMME DANS UNE STATION DE SKI ?

Blandine Vernardet : Généralement elles font preuve d’une très forte pugnacité, et il faut prouver parfois un peu plus que les femmes ont leur place dans ces métiers. Lorsqu’il y a des femmes dans les équipes, on sent qu’elles vont au bout des choses. Et cela apporte énormément aux équipes.
Pour ce qui est des questions de relationnel, historiquement le rapport dans des milieux très masculins peut être frontal, voire verbalement « violent ». Le fait de féminiser les équipes impose des changements de comportement et contraint à modifier les mécaniques de fonctionnement habituelles. Cela ajoute de la fluidité, et des façons de faire plus sereines.
Le changement opère principalement dans le rapport de force, dans des relations conflictuelles, où les choses sont un peu plus tempérées.
En ce qui concerne le relationnel client, je crois que ce n’est pas spécifique aux femmes. Mais il est vrai qu’elles peuvent avoir des sensibilités plus importantes sur certains sujets : accessibilité des tout-petits, apprentissage, propreté.

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