POURQUOI Y A T’IL ENCORE SI PEU DE FEMMES À LA TÊTE DES STATIONS ?

 
Anne Delignac : Une station est souvent associée aux remontées mécaniques, et qui dit « mécanique » sous-entend « technique ». Je pense qu’avec cette manière de communiquer, les recruteurs pensent que les hommes sont plus en mesure de répondre au profil de directeur de station de ski.
De mon point de vue, cela n’est absolument pas vrai. Il faut savoir bien s’entourer, avec un bon chef d’exploitation.
J’ai une formation d’origine Ingénieur CESI (Centre d’Etudes Supérieures Industrielles) généraliste. Je ne pense pas que la formation technique soit indispensable dans ces métiers, mais plutôt une bonne connaissance du milieu, et du fonctionnement des stations.

ANNE DELIGNAC, QUE PEUT-ON FAIRE POUR CHANGER CELA ?

 
Anne Delignac : Je pense qu’il est important de mieux intégrer plus la relation client. Depuis que j’ai commencé en tant que Directrice de la station de Val Louron, j’ai toujours mis le client au centre, en développant la commercialisation, l’accueil client et la communication. En tant que directeur de station, nous avons  besoin d’une double compétence : technique et commerciale.
La problématique des stations de ski est avant tout d’augmenter le nombre de journées ski et de déployer le business des stations. Je pense que les femmes sont plus tournées vers cet aspect là.
Sur Val Louron, nous avons une femme qui assure le déneigement, et on constate beaucoup moins de casse de matériel ! De nombreux métiers en station ne sont pas une question de gros bras.
Pour répondre aux nécessités du personnel féminin, nous avons des personnes qui servent de volants sur les remontées mécaniques et qui viennent en remplacement, en cas de besoin de la part des filles.

QUELLE VALEUR AJOUTÉE PEUT APPORTER UNE FEMME DANS UNE STATION DE SKI ?

 
Anne Delignac : De manière générale, et d’un point de vue externe, les femmes sont plus tournées vers la relation Client.
D’un point de vue interne, je pense qu’en tant que femmes, nous sommes plus à l’écoute du quotidien des salariés. Je ne veux pas généraliser, mais je pense que nous allons plus vers l’autre, qu’il s’agisse du client ou du salarié.
Les femmes ont une grande notion d’écoute, d’empathie : « c’est un peu le rôle de mère qui ressort ».
Cela provient peut-être de ma formation, et de ma déformation professionnelle, mais je crois que les femmes font preuve d’une grande rigueur de gestion. Je m’exige beaucoup de rigueur à titre personnel, et au niveau des équipes.
La station de ski de Val Louron comptait durant la saison 2018-2019, 12 femmes (dont 3 permamentes) et 43 hommes (dont 5 permanents).