Le ski de randonnée trouve son origine dans les Alpes au début du XXe siècle. Cette forme alternative de pratiquer le ski permet de profiter de la montagne, durant l’ascension et la descente, et ce de manière différente. De par sa nature, il n’est pas nécessaire de pratiquer le ski de randonnée dans des zones exclusivement réservées à la pratiques. Au contraire, la liberté offerte par ce sport permet de le pratiquer partout où la neige est présenter, mais cela sous-entend également que le risque encouru est majeur.
Avant tout, il est important de garder à l’esprit que le ski de randonnée, comme des autres sports de montagne, est un sport à risques. Pour ceux qui souhaitent le pratiquer, il est très important d’être bien préparé physiquement et de disposer d’un bon équipement. Le ski de randonnée se pratique généralement en zone hors piste, et par conséquent un certain nombre de risques sont liés à la pratique : avalanche, chute, absence de couverture téléphonique, etc.
L’invasion des pistes de ski pendant le jour
Pour éviter les dangers du hors-piste, de nombreux pratiquants du ski de randonnée font le choix d’envahir les pistes de ski alpin. Au-delà de la controverse provoquée par la difficulté de concilier le ski de randonnée et le ski alpin, il est avant tout très dangereux de réaliser une ascension en ski de randonnée sur une piste où les skieurs alpins viennent pour enchaîner des descentes. Une situation particulièrement dangereuse, aussi bien pour la personne qui pratique le ski de randonnée que pour les skieurs alpins.
Cette invasion des pistes est à l’origine de nombreux accidents souvent très graves. Si un skieur de randonnée rencontre un skieur alpin et que ces derniers n’ont pas le temps de réagir pour une raison quelconque, l’impact sera très fort, en raison de la rapidité avec laquelle les skieurs alpins descendent. Les conséquences seraient d’autant plus graves si un enfant était impliqué dans l’accident, ce dernier ayant probablement une plus faible capacité de réaction dès le début.
Le danger mortel des pistes la nuit
Le Full Moon (Pleine Lune) est un phénomène particulièrement à la mode qui consiste à pratiquer le ski de randonnée les nuits de pleine lune pour profiter de la lueur de l’astre lunaire. Que vous soyez amateurs de Full Moon ou tout simplement équipés d’une frontale, et que vous envisagez de gravir les pistes d’une station de ski durant la nuit, oubliez vite cette idée. Pratiquer le ski sur une piste fermée au public est très dangereux et peut avoir des conséquences mortelles.
Les engins de damage utilisés pour préparer et damés les pistes de ski sont reliées par des câbles (appelés winch) à des points d’ancrage situés dans différentes zones du domaine skiable, afin d’empêcher leur glissement lorsqu’elles travaillent au damage de certains secteurs. Ces câbles ont généralement une longueur importante, jusqu’à 1 000 mètres, et sont très tendus. Que ce soit à la lueur de la pleine lune ou d’un frontale, il est très facile de ne pas voir ces câbles, en particulier lorsque la visibilité est réduite ou simplement lors d’un changement de relief. La collision avec un câble est généralement fatale et a été la cause de nombreux accidents, tels que le célèbre accident mortel d’Alfonso de Borbón dans le Colorado, aux États-Unis, en 1989.
Au-delà des dangers liés à la pratique du ski de randonnée sur les pistes fermées d’une station de ski, elle peut également nuire au travail des dameurs, qui travaillent dur chaque nuit à l’entretien du manteau neigeux pour le plaisir des skieurs qui paient pour son utilisation. La pratique du ski de randonnée sur des pistes damées dans certaines conditions météorologiques peut provoquer des nids-de-poule qui, une fois durcis, constituent un danger pour les skieurs alpins qui descendent la piste le lendemain.
Ce phénomène représente une problème majeur, par exemple pour la station d’Astún, qui voit déferler des centaines de skieurs de randonnée sur ses pistes balisées de jour comme de nuit, malgré plusieurs avertissements, dont l’installation d’un panneau lumineux le soir et des messages diffusés par des haut-parleurs à la fermeture des pistes.

Conflit d’usage ou cohabitation des pratiques : que font les stations ?
Les stations de ski veulent et agissent avant tout pour la sécurité et le plaisir de leurs clients skieurs, et certaines stations ont pris des mesures face à la recrudescence du nombre de pratiquants de ski de randonnée.
La station de ski madrilène de Valdesquí située dans la Sierra de Guadarrama, a décidé de mettre fin à la pratique nocturne du ski de randonnée sur son domaine skiable de manière drastique, en clôturant tout son domaine skiable. La station propose néanmoins des forfaits pour les skieurs de randonnée, les « forfaits SKIMO », qui incluent un possible secours, avec des règles d’usage très spécifiques interdisant l’ascension par les pistes et établissant des itinéraires autorisés pour l’ascension.
La station de ski de Peyragudes dans les Pyrénées, encourage quant à elle activement le ski de randonnée en proposant des itinéraires balisés, sécurisés et gratuits pour la pratique de ce sport. La station dispose également de 6 kilomètres de pistes balisées exclusivement pour le ski de randonnée.
Enfin, la station de Baqueira / Beret a choisi de proposer des itinéraires spécifiques pour le ski de randonnée qui, avec ceux du Val d’Aran, permettent aux skieurs de randonnée de pratiquer ce sport dans une zone sécurisée, facilement accessible et contrôlée, sans exposer les pratiquants à des situations dangereuses telles que des avalanches.
Par nature, la montagne est synonyme de liberté. Cette dernière offre une place pour toutes sortes de skieurs, mais il est fondamental que certaines règles soient respectées afin que la cohabitation des pratiques se fasse en toute sécurité. Les stations de ski oeuvrent quotidiennement pour assurer la sécurité de leurs usagers et l’entretien de leur domaine skiable.
Les pratiquants de ski de randonnée oublient parfois les dangers liés à la montagne et aux métiers des stations de ski, qui rappelons-le, ne sont pas des parcs d’attractions…
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