Antoine Pirio, pourriez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Antoine Pirio : J’ai un parcours atypique. Au départ, j’ai une formation d’ingénieur. J’ai travaillé pendant 10 ans dans la sous-traitance automobile en Haute-Savoie et sur Lyon. J’ai eu à manager des équipes de 300-400 personnes.
Ensuite j’ai pris la direction pendant 6 ans, de deux usines ALDES qui fabriquent des systèmes de ventilation, avec chacune 100-150 salariés.
Dans le même temps, j’ai suivi une formation MBA entre 2013 et 2015, sur Lyon pour améliorer mes compétences en stratégie, en finances.
Je me suis lancé dans l’entreprenariat en co-fondant la startup lyonnaise Factoryz, une société de services dans le prêt de main-d’œuvre et de matériel entre entreprises, jusqu’à fin 2018, date à laquelle j’ai laissé mes associés poursuivre l’aventure.
Le développement de notre startup arrivait à un tournant, et nous entrions dans une phase qui ne m’intéressait pas autant. J’ai cherché des opportunités, et la Compagnie Des Alpes (CDA) cherchait de son côté, un profil différent pour la direction de Deux Alpes Loirs. Ce fut un véritable concours de circonstances.
Deux éléments ont été déclencheurs :
– Le domaine d’activité : je skie depuis tout petit. J’aime la montagne aussi bien en été qu’en hiver. C’est un domaine d’activité qui m’attirait beaucoup.
– Le contexte particulier des 2 Alpes, une station et un domaine skiable en pleine mutation, avec un projet de transformation de la destination. Il y a aujourd’hui un véritable enjeu pour la remettre sur les rails.
 
 

Quels sont vos objectifs à la tête de Deux Alpes Loisirs ?

Antoine Pirio : J’ai aujourd’hui des objectifs très clairs, je porte les ambitions du groupe de la CDA sur le site.
Nous avons à faire face à 3 enjeux de transformation majeurs :
Le premier concerne le domaine skiable. Ce dernier est vieillissant, on se doit de le moderniser dans sa globalité et l’étendre. Nous devons aller rechercher du ski sur les côtés du domaine. Nous devons apporter du service au client, et les domaines ont peu évolué dans ce secteur. Les clients ne skient plus toute la journée de 9h à 17h, ils recherchent des expériences, des activité plus ludiques sur le domaine, que ce soit les enfants mais aussi les plus grands. Le numérique doit également être plus présent pour apporter une nouvelle expérience au client dans sa glisse.
Le deuxième concerne la transformation de la station. Il s’agit d‘un projet que nous menons avec la commune des 2 Alpes sur l’écosystème de la station. La station a pris pas mal de retard dans ce domaine. Nous n’avons par exemple pas de centre aqua-ludique, alors qu’aujourd’hui c’est devenu un prérequis pour une grande destination. De la même manière, nous souhaitons également augmenter le nombre de lits chauds. Nous soutenons massivement les programmes immobiliers, et la CDA finance de nombreux projets de réhabilitation ou de projets immobiliers nouveaux. 20 millions d’euros ont d’ailleurs été investis dans l’immobilier ces dernières années. Nous avons des programmes qui se mettent en place pour transformer les lits froids en lits tièdes. Les lits froids représentent environ 20-25% de l’ensemble des lits de la station. Deux Alpes Loisirs est un acteur très présent sur la station, qui travaille étroitement sur ces projets.
Le troisième concerne la société et son fonctionnement. L’entreprise doit évoluer dans ses pratiques, je souhaite apporter de la rigueur, mais aussi apporter de l’agilité, des pratiques collaboratives. Nous avons actuellement 450 salariés en pleine saison, et un très grand professionnalisme dans les équipes. De par ma formation et mes expériences professionnelles, j’aurai à mettre en place mon mode de management, mon objectif étant de gagner en efficacité et susciter de l’innovation.

Quelles sont vos motivations ? Pourquoi vous levez-vous le matin ?

Antoine Pirio : J’aime bien les challenges, je dois reconnaître que je suis un compétiteur dans l’âme. Mon ambition est de faire évoluer la destination.
Il y a beaucoup d’attente et d’attentisme au niveau des acteurs de la station, et il y a un certain besoin d’impulsion.
Je me sens bien dans ce rôle de pousser tout le monde. Je suis là pour donner cette impulsion.

A ce jour, quelle est votre plus belle réussite professionnelle ?

Antoine Pirio : C’est un petit peu tôt pour parler de réussite professionnelle. Le fait que je ne vienne pas de l’univers de la montagne a suscité de nombreuses interrogations de la part des différentes parties prenantes. Originaire de Nantes, je suis installé dans la région de Lyon depuis 15 ans. Je crois avoir réussi mon intégration dans ce monde-là, qui est parfois un peu fermé. Je me suis intéressé aux différents métiers, j’ai essayé de comprendre.
Du fait de ma formation, le côté technique des remontées mécaniques n’a pas été un frein, on retrouve d’ailleurs les mêmes modes de fonctionnement par processus que dans l’industrie. J’ai pris plaisir à découvrir de nouveaux métiers, notamment ceux liés à l’entretien et la sécurité sur les pistes.