Image : Avalanche 06
Dans un contexte économique particulier où les stations de ski représentent 60% du chiffre d’affaires annuel des entreprises touristiques iséroises dans les secteurs de l’hébergement et des activités de loisir, où 53 % des emplois en montagne sont des emplois touristiques, où les stations génèrent près de 4,8 millions de journées skieurs pour une recette de 123,1 millions d’euros (+ 5 % en 17-18 par rapport à la moyenne des 4 dernières saisons), soit 9 % de l’activité nationale, le département de l’Isère s’est engagé dans une démarche d’accompagnement des stations de montagne pragmatique, réaliste, raisonnée et structurée autour de trois axes principaux :
– le soutien à la diversification dans le cadre des Contrats de Performance des Alpes de l’Isère (60% des financements)
– l’engagement d’une démarche de co-construction pour la Station du Futur.
– l’analyse des perspectives d’enneigement et des impacts sur les ressources des stations iséroises à horizon 2025 et 2050.
L’Isère dispose de 23 stations de ski sur son territoire, représentant 2015ha de domaine skiable et 1030 kilomètres de pistes, et réparties entre 2 très grandes stations, 4 grandes stations, 3 stations moyennes et 14 petites stations.
Image : stations de ski de l’Isère

Cadrage climatique : Que va t’il se passer d‘ici 2050 ?

« Il y aura en moyenne moins de neige, moins souvent, moins longtemps, mais la neige ne disparaîtra pas totalement »
Selon les résultats de cet étude, l’enneigement naturel des 20% de saisons les moins bien enneigées ces dernières années (soit 3 saisons sur 15) sera rencontré demain sur 1/3 des saisons (soit 5 saisons sur 15).
Les résultats annoncent une élévation de la limite pluie/neige pour 1°C d’augmentation de la température locale annuelle moyenne. + 150 m, sachant que ces résultats devront tenir compte des caractéristiques climatiques locales et des caractéristiques spécifiques de chacun des domaines skiables.

Les bienfaits de la neige de culture sur l’état de santé des domaines skiables.

Constituée d’air, d’eau et de froid, la neige de culture est ni plus ni moins que de la neige. Son processus de fabrication ne comporte aucun adjuvant ni aucun additif, et 1m3 d’eau permet de produire 2 m3de neige.
En France, on considère que 35% de la surface des pistes est sécurisée par de la neige de culture. En Europe : 5% en Allemagne, 49% en Suisse, 60% en Espagne, 70% en Autriche, et 87% en Italie.
Un retard majeur par rapport aux autres pays européens qui ont investi pour garantir l’enneigement de leurs domaines skiables et le maintien de l’activité économique dans les vallées de montagne.
En Isère, la production de neige de culture représente en moyenne 10% du volume de neige présent sur les pistes.
Cañones de nieve en Métabief
Canons à neige Métabief

Des engagements forts pour maintenir les stations et l’emploi dans les vallées

Actuellement, la production de neige de culture se concentre en amont de la saison (~70 % en novembre). Elle se réalise généralement en prévention/préparation de la saison plus qu’en compensation d’un manque de neige en cours de saison.
Les résultats de cette étude prévoient un passage de 27% de surface équipée en Neige de Culture à 42% en 2025.

Pourquoi ? 

 
– Sans neige de culture, les experts estiment une forte diminution de l’indice de viabilité* (de 49% entre 2001 à 2016 à 29% à échéance 2050 pour la pire saison).
– La production de neige de culture avec les équipements envisagés d’ici 2025 stabiliserait les pires saisons d’enneigement sur des valeurs comparables à celles d’aujourd’hui (58%)
Bien évidemment, les impacts demeurent très variables en fonction des stations (évolution du niveau d’enneigement naturel et capacité de compensation par la neige de culture).
Graphiques : Perspectives d’enneigement et impacts sur les ressources des stations iséroises (2025-2050) – Étude – Synthèse
Globalement à l’échelle de l’Isère, les équipements en Neige de culture envisagés d’ici 2025 permettraient de maintenir un niveau d’enneigement des domaines skiables en 2050 similaire à celui d’aujourd’hui.

Neige de culture : une augmentation de la demande en eau

L’une des conséquences majeures de cette ruée vers les équipements de neige de culture et l’augmentation des surfaces enneigées artificiellement, concernerait la demande en eau. Elle a été multipliée par 3 entre le début des années 2000 et aujourd’hui et qui devrait augmenter de 50% d’ici 2025.
La capacité de stockage des retenues d’altitude serait multipliée (extension, création) par 2 entre 2017 et 2025 avec les projets en cours.
Il est important de rappeler qu’il y a peu de réels conflits d’usage sur la ressource en eau sur le département de l’Isère.
 
Dans le futur, l’évolution climatique (moins de neige, plus de pluie…) et les régimes hydrologiques qui en découlent (étiage hivernal et pic de fonte nival moins marqués…) amélioreront généralement l’adéquation ressource-besoin en eau sur la problématique Neige de Culture.
Des ajustements devront être faits selon les différents domaines skiables du territoire. L’augmentation de la ressource disponible ne permettra pas forcément pour autant l’alimentation des installations de production de neige. (arrêtés d’autorisation des prélèvements actuels, débits réservés, installations de neige de culture sous-dimensionnées…).
* L’indice de viabilité de l’enneigement d’un domaine skiable indique, pour un domaine skiable, la proportion de sa surface qui offre des conditions satisfaisantes de ski, soit au minimum 20 cm de neige damée, avec ou sans neige de culture.
Il se calcule sur les périodes des vacances de Noël et de Février.
Prise en compte des spécificités des stations (altitudes, pentes, orientations des pistes, répartition spatiale des enneigeurs présents ou futurs).
Il permet de calculer les consommations en eau liées à la production de neige de culture.
Exemple : Iv=75% signifie que 75 % du domaine skiable est couvert par au moins 20 cm de neige sur les périodes de Noël et de Février.