Pour nous présenter ces enjeux et la projection de la station, I Love Ski a rencontré Anne Delignac, Directrice de la station de ski de Val Louron.

I Love Ski : Quels sont les enjeux pour la station de Val Louron ?

Anne Delignac : L’enjeu principal de la station de Val Louron est avant tout de survivre. Pourquoi ? Pour trois raisons.
La première, parce que nous sommes une petite station située à 1450 mètres d’altitude. La deuxième parce que nous ne faisons partie d’aucun groupe (N’PY Nouvelles Pyrénées comme notre voisine Peyragudes, ou Altiservice comme notre voisine Saint Lary), et enfin parce que notre mode de fonctionnement est une régie.
Les stations des Pyrénées pèsent peu dans la balance de l’économie locale. Selon une étude récente, l’ensemble des stations de ski des Pyréneés pèse autant que les stations de La Plagne et les Arcs réunies !
La région en Rhône Alpes croit beaucoup en les sports d’hiver et la région a fortement investi dans les installations de neige de culture et le remplacement et l’optimisation des enneigeurs.
La région Occitanie est attentive au développement des stations de montagne, et nous devons nous positionner pour être force de proposition.

I Love Ski : A quelles difficultés est confrontée la station de Val Louron ?

Anne Delignac : Aujourd’hui, ce sont les remontées mécaniques qui portent l’ensemble des charges de fonctionnement et d’investissement, nous ne recevons aucune aide de la part des partenaires locaux, des hébergeurs, des socio-professionnels.
Depuis que je suis arrivée, je demande aux socio-professionnels de nous aider, notamment en matière de communication : ces dernières années, nous avons fait de très bons résultats et maintenant il faut nous aider à porter des projets.
Nous souhaitons entrer dans une dynamique participative, où tout le monde doit se battre pour maintenir notre activité économique et proposer le meilleur service aux clients.

I Love Ski : Quels sont les projets à venir ? 

Anne Delignac : Le projet phare de la station est, et restera le remplacement du télésiège des Myrtilles. Cette installation entre en phase de Grande Inspection en 2019, et nous devons faire un choix entre remplacer cet équipement vieillissant ou affronter les coûts de maintenance de cette Grande Inspection.
Nous avons déjà négocié auprès des autorités de pouvoir réaliser cette opération de maintenance en trois phases.
Si le choix se porte sur le remplacement de cet appareil, nous demanderions à décaler la Grande Inspection d’une année. Dans tous les cas, cela va dépendre du financement que l’on pourrait obtenir car aujourd’hui nous sommes face à des établissements bancaires qui ont peu, ou pas confiance dans des projets de remontées mécaniques. Il est très difficile de contracter un emprunt bancaire pour ce type de projet.
Certaines stations, comme celles des Pyrénées Atlantiques, ont trouvé des solutions auprès du Département qui gère directement ces stations d’altitude. De la même manière, le département de la Haute-Garonne est en train de reprendre en main la gestion des trois stations de sports d’hiver.
D’autres projets pourraient voir le jour avec la nouvelle remontée mécanique, et notamment l’installation de nouveaux enneigeurs pour fiabiliser l’enneigement.
Développer l’espace débutant dans la forêt du Lapadé fait aussi partie des choses simples que nous souhaiterions faire.

I Love Ski : Quels sont les principaux objectifs de la station à court, moyen et long terme ?

Anne Delignac : A court terme, notre objectif est de faire la même saison que l’an dernier, qui était la meilleure saison de toute l’histoire de la station.
Nous souhaitons également renforcer le positionnement de la station de Val Louron vis à vis des autres stations, comme une station familiale, qui rend le ski accessible au plus grand nombre, avec un forfait de ski à moins de 30 euros la journée.
De nombreux skieurs conservent un lien affectif avec la station, dans laquelle ils ont appris à skier. Aujourd’hui ils reviennent skier avec leur famille, ou leurs amis.

I Love Ski : Comment affrontez-vous aujourd’hui le changement climatique sur Val Louron ?

Anne Delignac : Nous développons des activités complémentaires au ski,  comme par exemple des circuits VTT sur la forêt du Lapadé. La mise en place d’un nouveau télésiège devrait permettre la pratique du ski mais aussi du VTT.
Cet hiver, nous allons organiser deux compétitions de Fatbike.
Je pense que Val Louron fait partie des stations les plus préparées au changement climatique. Nous avons l’habitude de jongler avec des conditions météorologiques délicates et des enneigements irréguliers. Les équipes travaillent énormément pour garder la neige. Nous avons déjà ouvert pour les vacances de Noël sans avoir de neige en pied de pistes. Certains secteurs de la station ne voient pas le soleil en hiver. Ils sont souvent utilisés pour produire et conserver la neige lorsque les créneaux de froid le permettent.
Photo principale : Station de Val Louron