En décembre 2013, l’Aiguille du Midi était projetée sur le devant de la scène avec sa toute nouvelle attraction et prouesse technologique, le Pas dans le vide. 1000 mètres de dénivelé sous les pieds à 3840 mètres d’altitude. De quoi faire le vide dans sa tête très rapidement !
Depuis lors, il semblerait que ce type d’installations, toutes aussi atypiques les unes que les autres, ne connaissent aucun passage à vide, bien au contraire.
Mais pourquoi un tel succès ?

Des situations géographiques privilégiées

Dans la haute vallée de la Maurienne, la Canopée des Cimes a été baptisée du nom des strates de végétation situées en altitude, où la majorité de l’énergie solaire est captée. Et elle porte bien son nom !
Surplombant naturellement le lac du Mont Cenis, ce « Pas dans le vide » offre une vue imprenable sur le lac et les montagnes environnantes, et permet de contempler les paysages à plus de 180 degrés (glaciers de la Vanoise au Mont Viso, jusqu’à la Meije).
« Ce site est un site remarquable où les clients s’arrêtaient naturellement.
L’idée nous est donc venue d’aménager cet endroit pour profiter de cette vue imprenable sur le lac du Mont Cenis. Au début, nous n’avions pas en tête de créer un pas le vide, mais l’endroit surplombe naturellement le lac.
Le bureau d’études avec lequel nous avons travaillé nous a orienté sur cette solution technique et je dois reconnaitre que le résultat est époustouflant », nous confie Yves Dimier, Directeur de la station de Val Cenis.
Photo : Val Cenis – Canopée des Cimes
Sur le domaine skiable de Lans-en-Vercors, en Isère, la passerelle Vertige des Cimes est tout aussi remarquable.
Entièrement sécurisée, elle permet de marcher sur 300 mètres de vide et 1 400 mètres au-dessus de Grenoble. Elle crée un lien fort entre les Montagnes de Lans et l’agglomération grenobloise.
Positionnée au sommet du Téléski de La Combe des Virets et facilement accessible en toutes saisons, le Vertige des Cimes offre une vue à 360°, de la Chartreuse au Mont Blanc, de la ville de Grenoble aux massifs de Chartreuse, Belledonne, Oisans, Taillefer, et même plus loin Dévoluy (Hautes Alpes) et Mont Blanc.
« Naturellement, ce point de vue à 360° au sommet du téléski de la Combe des Virets est une chance. C’était déjà un endroit très apprécié et bien connu des skieurs, marcheurs et cyclistes. Eté comme hiver, le point de vue est fréquenté depuis longtemps, il fallait le mettre en valeur »
affirme Ludovic Moulin, directeur d’exploitation du domaine skiable de Lans-en-Vercors.
Chaque hiver, 150 000 skieurs passent à cet endroit et peuvent désormais admirer un panorama unique sur la passerelle facilement accessible. En toute saison, par le téléski ou via les sentiers, elle est gratuite d’accès.
Photo : Lans en Vercors – Vertige des Cimes

Des prouesses technologiques au service des sensations fortes

Du fait de leur situation géographique unique, ces installations bénéficient d’une conception technique elle-aussi unique.
Sur le domaine des Diablerets, le Peak Walk by Tissot est un pont suspendu d’une longueur de 107 mètres qui relie deux sommets des Alpes suisses. Une installation qui a pour objectif de  “faire ressentir des émotions »,  précise Bernhard Tschannen, directeur de Glacier 3000. « Nos clients viennent pour la montagne, les panoramas et la neige, mais nous devons aussi savoir répondre à leurs attentes plus originales. »
Après 5 années de réflexion l’opérateur du domaine skiable des Diablerets a décidé en 2014 l’aménagement d’un pont piéton suspendu, en haut du domaine de Glacier 3000, reliant deux sommets des Alpes suisses : View Point et Scex Rouge (2 971 m) et de pouvoir en faire le tour.
Il peut supporter 300 personnes à la fois, mais le nombre est limité à 150 pour des raisons de confort.
Photo : Peak Walk – Les Diablerets
Dans le Vercors, le Vertige des Cimes est quant à lui composé d’une structure métallique de 5,20 mètres de longueur et de 2,30 mètres de largeur avec des poutres intermédiaires. Le reste des garde-corps est soudé, le plancher est réalisé en caillebotis métallique de maille 40×40 pour entrevoir le vide sous ses pieds. Elle est totalement sécurisée grâce au remplissage des garde-corps et un grillage maintenu à l’aide d’attaches hautes et basses fixées sur un câble métallique.
En Haute-Maurienne, le diamètre de la Canopée des Cîmes est de 7,5 m pour une hauteur de 7 m. Le poids de l’ouvrage avoisine les 3,5 tonnes, avec un nombre maximum de personnes situé entre 15 et 20.
Composé d’acier galvanisé et filet inox assemblés, la structure a été pensée pour résister au temps et aux changements climatiques liés aux saisons.
Mais l’innovation ne s’arrête pas là, et les ingénieurs ne semblent pas à vide de nouveaux concepts ! Pour tous ceux qui souhaitent se vider la tête pendant les vacances, il existe dès à présent la cabine suspendue au dessus du vide. Cette nouvelle prouesse technique, inaugurée au Pérou, dans la vallée des Incas, n’est autre qu’une capsule transparente suspendue à plus de 400 mètres au dessus du vide.
Armée de baies vitrées, cette chambre capsule permet d’admirer le magnifique paysage des montagnes péruviennes et passer une nuit dans un environnement totalement insolite.
Attention, l’accès à cette chambre se fait à pied, et les clients doivent grimper plus de 400 mètres de montagne !
Un voyage éprouvant mais qui est récompensé par une nuit magique. Le dîner et le petit déjeuner sont délivrés par le personnel de l’hôtel et vous pourrez redescendre après votre séjour par les nombreuses tyroliennes présentes dans les montagnes. Le prix de la chambre est de 315 euros par personne et par nuit !
Alors à quand les capsules d’altitude dans les stations de ski ?
Photo : Chambre capsule dans le vide – Vallée des Incas (Pérou)

Des outils de communication dans l’air du temps

La station de Val Cenis a installé un spot photo sur le site de la Canopée des Cimes afin que les visiteurs puissent directement partager leur photo sur leur smartphone. « De nombreux internautes partagent des photos du site sur leurs réseaux sociaux et les commentaires sont toujours élogieux », se réjouit Yves Dimier. « Il nous arrive d’avoir des pics de 5000 visiteurs/jour, les jours de beau temps en période de vacances scolaires. Nous recensons environ 1000 utilisateurs du spot photo par semaine”.

Des installations au service du développement local ?

L’objectif clairement affiché de ces installations est de favoriser la fréquentation des domaines skiables, en renforçant l’attractivité de ces derniers et en offrant des activités supplémentaires, et insolites pour leurs clients.
Ces activités ont été pensées pour les visiteurs mais aussi pour les locaux. La recherche de sensations, la quête incessante d’expériences nouvelles sont quelques unes des raisons du succès de cette expérience du vide.
« Aujourd’hui, nous constatons que certains visiteurs viennent spécialement à Val Cenis pour profiter de ce belvédère sur les Cîmes », nous confie Yves Dimier.
De son côté, Ludovic Moulin a déjà remarqué une augmentation du nombre de journées-skieurs et des retombées économiques positives pour le domaine.
En Haute-Maurienne, le projet de la Canopée des Cimes a été développé conjointement avec Électricité de France, dans le cadre de la vidange décennale de l’unique barrage franco-italien, celui du Mont Cenis. Des panneaux explicatifs prennent d’ailleurs place sur cette zone.
Le développement touristique de la Maurienne, en particulier le tourisme d’hiver est particulièrement lié à ce barrage. Ce dernier permet d’assurer la réserve d’eau potable destinée à la population touristique mais aussi d’alimenter les équipements de neige de culture du domaine skiable.
L’aménagement du Mont-Cenis représente ainsi un avantage considérable pour les stations de ski traverses par ses galeries en offrant une eau propre, à température basse.
Une convention avec EDF permet à la station de Val Cenis d’aller chercher cette eau pour la production de neige de culture dans les ouvrages qui alimentent le barrage du Mont-Cenis.
Photo : Lac du Mont Cenis depuis la Canopée des Cimes
Reste la question paysagère parfois évoquée dans certains de ces ouvrages comme c’est le cas pour le pont suspendu des Diablerets. L’organisation de protection des Alpes « Moutain Wilderness » regrette ainsi qu’un « Disneyland alpin puisse être construit ici, en dehors de la zone à bâtir ».
Et d’ajouter que la compétition mondiale de celui qui « offrira l’attraction la plus cool sur nos sommets a un super perdant: le paysage, le véritable capital de notre tourisme ».