Les pilotes d’Air France aux commandes de la sécurité des remontées mécaniques. Cette démarche proactive et préventive, basée sur le retour d’expérience, s’appuie sur la détection de signes précurseurs, souvent à l’origine d’accidents.
Cette démarche a été expérimentée pour la toute première fois durant l’hiver 2017-2018 sur 4 sites pilotes : Flaine, Les Ménuires, Les Gets et Chamonix.
Méthode Sécurité Air France : cette démarche se décompose en quatre étapes fondamentales
1 – Le REX (Retour d’Expérience), qui consiste pour les agents de remontées mécaniques à déclarer certains évènements, accidents et identifier des éléments précurseurs d’accidents ou d’incidents.
2 – L’analyse ORION qui se base sur une méthode d’analyse d’un système complexe comme peut l’être la gestion d’un domaine skiable. Les stations de ski évoluent en effet dans un système complexe qui ne permet pas d’identifier immédiatement les causes d’un incident ou accident.
3 – L’analyse des facteurs humains et des fragilités du système liées à l’humain, permettant de dégager ainsi des Bonnes Pratiques de Sécurité.
4 – Le CREX, le Comité de Retour d’expérience, qui se traduit par une commission pluri professionnelle en charge du processus.
Application de la méthode de sécurité Air France : des retours d’expériences positifs
Sur Les Ménuires, ce sont 5 CREX qui ont été mis en place durant l’hiver avec 5 actions d’amélioration mises en oeuvre. Sébastien Pascal, Directeur technique te d’exploitation de la SEBAVEL nous confie son ressenti : « Nous avons testé cette méthode sur un secteur des Ménuires, ces dernières étant découpées en 6 secteurs. Aujourd’hui l’ensemble du personnel est convaincu de la démarche. Avant on était sur un discours moralisateur, cet outil nous permet de changer la manière de parler de la sécurité. C’est un outil de bon sens, mais aussi un outil de management ».
Sur la station de Flaine, l’expérience a été menée sur les remontées mécaniques, et le projet a permis de rassembler une dizaine de collaborateurs. Anthony Trombert, chef d’exploitation de Flaine précise : « nous avons attaqué cette démarche mi-janvier et nous avons fait le choix de traiter les aspects de sécurité liés à la clientèle. Nous avons signé une charte d’engagement pour que le personnel puisse librement partager son expérience et déclarer d’éventuelles erreurs, tout en s’engageant à la non-sanction de la part de l’exploitant. Nous avons réalisé 3 CREX durant l’hiver et la démarche a bien été comprise et acceptée par tous. Notre objectif est de généraliser cette démarche à tout le service des remontées mécaniques et le déployer ensuite dans tous les services ».
Face aux exploitants, Daniel Pfeiffer du STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés) précise que cette démarche exportée de la sécurité d’Air France est « fondamentale ». Elle permet de « construire la sécurité, en identifiant les éléments précurseurs et les signaux faibles. Je me réjouis de cette démarche qui contribuera à la sécurité des domaines skiables ».

Source : AFM42
Des échelles de temps différentes entre l’aérien et les remontées mécaniques
Le bilan de la méthode utilisée par les experts de la sécurité chez Air France est positif. Même si elle doit encore faire ses preuves, vivre plus longuement dans les domaines skiables, et franchir certaines barrières telles que la crainte de la sanction de la part des salariés lorsqu’ils déclarent une erreur.
Le secteur de l’aérien, au travers de ses pilotes, fait preuve d’une véritable expertise dans cette méthode qui s’est bâtie sur une échelle de temps de 60 ans. Selon Antoine Bellet, Président de la Commission SST (Santé et Sécurité au Travail) de DSF, l’échelle de temps dans les remontées mécaniques sera certainement longue (une dizaine d’années environ). Pas autant que le transport aérien, ce dernier faisant bénéficier le secteur des remontées mécaniques de toute son expérience.
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