Passionnée par le métier de Pisteur, elle gravit petit à petit tous les échelons : Pisteur premier degré, elle fera une saison à Tignes, puis retournera au Val d’Allos, avec le souhait d’évoluer, et d’avancer dans son métier. Elle se spécialise Artificier, chargée du déclenchement préventif des avalanches, puis passe le deuxième degré, le monitorat de secourisme et le troisième degré de Pisteur secouriste.
« Au départ, je ne pensais pas arriver où j’en suis aujourd’hui. Je ne visais pas le plus haut niveau. Je souhaitais évoluer pour moi-même et pas forcement pour le grade ».
Hélène Zamora : Directrice du service des pistes depuis 2007, qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Hélène Zamora – Le métier de Directrice du service des Pistes est complètement différent du métier de base, mais une passion commune nous unit tous : la montagne. Travailler en montagne est un beau bureau, nous avons plaisir à être à l’air libre. L’attrait du métier est principalement lié à la nature, il est pluri-actif (un jour on réalise des déclenchements, le jour suivant des secours, puis de l’entretien…)
En tant que Directrice du service des Pistes, tout l’attrait du métier que l’on a au début se perd… je suis plus là pour gérer, pour que le service des pistes fonctionne. Quand on est pisteur on n’y pense pas du tout ! Mon métier est principalement social : on essaie de faire du management, c’est intéressant de voir les caractères des gens. Il faut savoir changer sa façon d’être en fonction des gens que l’on a en face. On rentre plus dans le détail des activités, on essaie de motiver les autres, d’avancer main dans la main, d’atteindre les objectifs. Moi je suis là pour faire avancer les autres.
Quelles sont les difficultés liées à votre métier ?
Hélène Zamora – Principalement le risque : celui lié à l’ouverture des pistes. Selon les conditions de neige, l’ouverture peut parfois être difficile. Le secteur de La Foux a énormément de points de tirs (170 points de tirs sur le Seignus et la Foux), une station difficile avec un PIDA (Plan de Prévention pour le Déclenchement des Avalanches) important. Rien que ça, c’est stressant ! Parfois il continue de neiger et il est difficile d’envoyer les clients. On doit prendre en compte des conditions particulières. Pour moi, les jours les plus stressants sont les jours de déclenchement. On a la pression de l’ouverture (bien faire pour le client), de respecter les horaires tout en assurant la sécurité de tous.

Photo : service des pistes de Val d’Allos
Hélène Zamora, vous êtes actuellement la seule femme en France à être Directrice d’un service des pistes. Comment vit-on le fait d’être une femme dans cet environnement ?
Hélène Zamora – Pour être à ce poste là, il faut du caractère. Depuis 2007 que je suis à ce poste, j’ai pris de l’expérience, je suis moins impulsive. Avec les années, j’ai pris ma place, j’apprends à mieux gérer les situations de stress.
Quand on est une femme, il faut montrer qu’on est aussi bonne voire meilleure que les hommes. Le passage des diplômes est très important, il faut démontrer sa compétence, souvent plus qu’un homme.
Au début, lorsque j’ai été nommée Directrice des Pistes, ça a déplu, ça ne plaisait pas à tout le monde. J’ai eu droit à des réflexions désagréables au début. J’ai mis des années à faire ma place, surtout dans ce monde majoritairement masculin. Mais mon dernier chef des pistes m’a soutenu, m’a poussé à faire ma demande pour être directrice des pistes.
Le secteur est encore très masculin, mais en tant que femme, on apporte un autre regard, une autre sensibilité, on voit les choses différemment, même pour le management. Et on a l’avantage de pouvoir faire plusieurs choses en même temps !
En tant que femme, comment conciliez-vous votre vie personnelle et professionnelle ?
Hélène Zamora – J’ai deux enfants (8 et 10 ans) qui sont très autonomes. Ils vont à l’école tous seuls. Les jours de déclenchement, je prépare tout pour les suivre à distance, avec le téléphone. Et ça fonctionne ! Ils ont bien compris l’enjeu de mon métier. Et puis, je ne suis pas seule. J’ai de la famille, des amis qui m’aident en cas de besoin.
Quelles sont vos aspirations professionnelles ?
Hélène Zamora – Notre métier est confronté à une difficulté majeure : le changement climatique. En tant que directeurs de pistes, nous devons gérer le changement climatique, des températures pas forcément très froides en début de saison, la neige qui n’arrive pas toujours quand on le souhaite… le report d’embauche… Je me pose beaucoup de questions aujourd’hui. Il s’agit d’une véritable problématique des stations de montagne…
Le métier me plait énormément, mais je ne sais pas si je fera ça jusqu’à 60 ans !!